Mis à jour le 13 mars 2018

A l’heure où les nouveaux modes de communication révolutionnent la manière dont chacun s’implique ou s’exprime sur la place publique, où le pouvoir latéral, cher à J.Rifkin, réinterroge notre démocratie, la transition énergétique doit, elle aussi, prendre en compte cette nouvelle donne.

Cette transition énergétique, localement déclinée à travers la Troisième Révolution Industrielle, exige des changements de comportement mais aussi un lot de technologies nouvelles pour produire et stocker l’énergie, connecter les systèmes industriels, rénover les carburations, etc. Un foisonnement d’innovations donc, qui provoque un vertige stimulant pour les uns mais inquiétant pour les autres.

La méthanisation, au coeur de cette réalité

  • Gestion circulaire des déchets,
  • Production d’énergies renouvelables,
  • Diversification économique pour l’agriculture,

sont les 3 bonnes raisons de monter un projet de méthanisation. Oui mais,…

Pour légitime qu’il soit, l’agriculteur porteur d’un tel projet, va désormais devoir dialoguer avec ses voisins, proches ou lointains, qui ne sont pas toujours séduits par l’idée de voir installer un méthaniseur au bout de leur village. A l’effet Nimby (« Not in my backyard ») s’ajoute une véritable méconnaissance de la réalité technique de la méthanisation, source d’inquiétudes, et les deux effets se combinent pour générer de véritables oppositions. Résultats : certains projets sont freinés par la fronde de riverains qui s’expriment et s’organisent, faisant en chemin vaciller les élus. Même convaincus du bien fondé de cette technique, ces derniers préfèrent souvent le retour au calme.

Des mesures régionales pour encourager la concertation

Riches de quelques expériences difficiles, les acteurs régionaux de la filière méthanisation, réunis dans l’instance informelle nommée CORBI (Comité d’Orientation Régional pour le Biométhane Injecté), qui anime et développe activement la filière, viennent de prendre le sujet à bras-le-corps. Différentes dispositions régionales d’information et de pédagogie devraient voir le jour en 2018. Mieux : annoncée le 12 décembre par Philippe Rapeneau devant les 600 personnes qui assistaient à l’événement Métha’Morphose, une charte de « bonnes pratiques de concertation » sera élaborée pour inciter les agriculteurs à s’engager sur la voie du dialogue.

Aux manettes, un groupe de travail rattaché au CORBI et animé par le Cerdd. Ce groupe, composé d’une quinzaine d’acteurs, praticiens ou chercheurs, planche depuis 2015 sur le sujet de l’appropriation des énergies renouvelables, méthanisation en tête. Il s’est attaché dans un premier temps à comprendre les réticences des riverains et à analyser des situations de blocage. D’autres travaux ont été menés au niveau national par l’ATEE, GRDF, l’ADEME. Toutes les conclusions convergent, une information qui parvient trop tard ou indirectement aux oreilles de riverains risque fort de déclencher des incompréhensions et des oppositions.

Bien sûr, les projets ne présentent pas tous les mêmes risques en la matière ; un méthaniseur installé en plein champ ou au coeur d’une zone industrielle sera mieux perçu que celui qui prendra place dans une cour de ferme au coeur d’un village, à fortiori si celui-ci accueille des nouveaux ruraux. Cependant aujourd’hui, dans tous les cas, il est préconisé de prendre en compte, le plus tôt possible, cette question de la concertation.

Comment ne pas passer en force ?

Concrètement, il convient de s’interroger dès le début d’un projet, sur ses incidences possibles sur son environnement et les gens qui y vivent. Localisation, aménagement paysager, gestion des odeurs, passage des camions,… sont autant d’éléments qui peuvent être optimisés dès la conception. Ensuite, installer les conditions d’un dialogue correct avec les acteurs du territoires peut permettre une conduite plus sereine des opérations. Les acteurs publics, mairie en tête, vont devoir répondre aux questions des habitants qui entendront forcément parler du projet ; il est donc plus qu’utiles de mettre à leur disposition les informations leur permettant de le faire. En chemin, ils pourront contribuer à relier le projet aux politiques locales de l’énergie, du traitement des déchets, de maintien d’une agriculture vivante sur le territoire,…

Les riverains ensuite, voisins directs ou plus éloignés, qui pourraient craindre les odeurs, les flux de transport, les impacts visuels, etc. Ecouter, informer, répondre aux questions… bref, adopter une posture de dialogue, permettra peut-être d’améliorer le projet et certainement de désamorcer des craintes. Maîtriser l’information qui circule sur le projet paraît plus sûr que de laisser google s’en charger.

Des réponses

Pour aider les porteurs de projets sur cette voie, des outils vont être produits en 2018.

Un accompagnement expérimental de projet, appliquant la méthode du dialogue territorial, continuera à apporter ses enseignements.

Enfin des professionnels de la concertation et de la médiation existent ; ils peuvent être mobilisés.

ALLER PLUS LOIN

> Pour plus d'informations, rendez-vous sur la rubrique "Méthanisation, appropriation sociale" de notre site.

> Visionnez les pastilles vidéos "Dialogue autour des projets de méthanisation : les experts s'expriment" réalisées sur à notre Labo en mai 2017.

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