Mis à jour le 10 janvier 2019

Le 17 octobre 2018, le Cerdd animait l’atelier intitulé “Entreprises, face aux risques climatiques, prenez les devants !”. Retour sur ces échanges autour du climat et de la neutralité carbone au cœur de la 12e édition du Forum mondial de l’économie responsable.

Atténuation et adaptation indissociables

A Lille, ville hôte de l’événement, on constate une augmentation de la température de 1,75°C depuis 1955 ; -3,8 jours de gel par décennie à Boulogne-sur-Mer ; augmentation de presque 10 cm du niveau de la mer à Dunkerque… Avec une population dense et un cumul de risques, les Hauts-de-France représentent l’une des régions françaises les plus vulnérables face aux changements climatiques. Le débat ainsi introduit par Emmanuelle Latouche, directrice adjointe et responsable du Pôle Climat du Cerdd, et animé par Julie Merckling, a permis de lier d’emblée atténuation et adaptation comme les deux réponses convergentes face au défi climatique, et de se questionner sur la résilience des entreprises.

Alors que le changement climatique arrive désormais à la première place des risques auxquels sont confrontées les entreprises selon le dernier rapport du Forum économique mondial, on assiste à une prise de conscience qui fait se superposer les efforts d’atténuation et les besoins d’adaptation de ces acteurs privés.

Jean-Pierre Maugendre, directeur adjoint au Développement Durable chez Suez, souligne ainsi que le climat est aujourd’hui intégré dans l’évaluation des risques et des opportunités à prendre en compte pour les activités économiques. Il pousse dans cette perspective les entreprises à changer leur modèle économique.

En effet, le changement climatique impacte de manière évidente les métiers de l’eau. À l’avenir, nous serons à la fois confrontés à un manque d’eau et à un trop plein d’eau avec la multiplication des épisodes climatiques extrêmes.

Pour s’adapter et contribuer à l’effort d’atténuation, Suez travaille à faire évoluer son modèle économique, en passant d’une logique économique de volume à une logique de valeur et en appliquant les principes de l’économie circulaire.

Ce changement de raisonnement a impulsé dans l’entreprise Suez la valorisation du nombre de mètres cubes d’eau économisés à trois niveaux : la maîtrise des consommations d’eau, la réduction des fuites dans les réseaux et la mise en oeuvre des ressources en eau alternatives.

Suez s’inscrit ainsi dans la trajectoire « 2 °C » en s’engageant à limiter l’empreinte carbone de ses activités et en participant à l’objectif de la neutralité carbone, qui figure parmi les objectifs étatiques… mais aussi privés.

La neutralité carbone, un concept convaincant ?

La neutralité carbone est plutôt la clé de sortie que la clé d’entrée, rappelle Renaud Bettin, manager chez Carbone 4. Consistant en un équilibre entre émission de gaz à effets de serre et absorption par les puits de carbone, il explique que la neutralité ne peut en effet être considérée qu’au regard d’un calcul de ses émissions de gaz à effet de serre, de leur réduction et de leur compensation.

Délimiter l’ensemble de cette démarche et en faire une méthode exigeante et éthique, c’est tout l’objet de Net Zero Initiative présentée lors de cet atelier.

Sophia Garcia, manager Qualité / RSE chez Remade Group, témoigne de la nécessité de financer l’évitement des émissions, et l’illustre :

la reconstruction d’un smartphone émet 90% de moins que la construction d’un produit neuf, toutes émissions confondues.

L’occasion de préciser l’importance du traitement des émissions directes et indirectes des activités de l’entreprise.

Le calcul des émissions évitées révèle des questions méthodologiques liées notamment au spectre d’activités pris en compte. David Laurent, responsable du Pôle Climat et Ressources chez Entreprises pour l’Environnement, indique à ce propos que les bilans carbone et les analyses de cycle de vie restent les meilleurs outils actuels. Quoi qu’il en soit, la génération d’émissions évitées d’une entreprise participe nécessairement à la neutralité carbone des autres.

A l’heure où il faut se demander comment se fera le commerce dans un monde à 2°C, propose Renaud Bettin, les intervenants relèvent motivations commerciales, diagnostics et évaluations parmi les facteurs d’action et de changement au sein des entreprises. La question de l’attribution des émissions évitées met en valeur le besoin de partenariat et de création d’éco-systèmes d’acteurs sur le sujet. A l’image des autres interventions, David Laurent invite à repenser collectivement les modèles économiques et l’intégration du long terme dans les stratégies entrepreneuriales.

De ces discussions entre panélistes, animatrice et audience, nous retiendrons le lien étroit et essentiel entre sobriété et durabilité, fil directeur obligé des démarches climat.

Rédaction : Joséphine Raynauld, Cerdd

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