Mis à jour le 28 novembre 2016

La ville de l’agglomération dunkerquoise a expérimenté la qualité environnementale et énergétique dans l’habitat dès le début du siècle, à travers les premiers logements sociaux HQE de France, puis par des constructions en très haute performance énergétique, en basse consommation et même en passif, dans le cadre d’un projet de rénovation urbaine. Ville "en transition", Grande-Synthe franchit désormais un pas supplémentaire avec l’écoquartier du Basroch.

CONTEXTE et descriptif de l'action

Les 21 hectares du "Basroch" constituent le dernier espace constructible de Grande-Synthe. L’urbanisation du lieu revêt une importance cruciale pour la commune de l’agglomération dunkerquoise, liée à l’essor puis au reflux de l’industrie sidérurgique. En trente ans, elle a perdu 20 % de sa population et plafonne à 21 000 habitants. L’édification de 500 nouveaux logements (40 % de logements sociaux, 25 % en accession sociale, 35 % en marché libre) doit lui permettre de se rapprocher du seuil des 24 000 habitants, considéré comme son point d’équilibre. Le dossier du Basroch représente aussi un enjeu politique pour le maire, Damien Carême. Il ne s’agit pas seulement de faire du nombre et d’aligner les bâtiments ; le petit quartier doit d’abord obéir à des principes d’éco-aménagement et d’éco-construction, conformes à l’inscription de la ville dans la transition écologique.

ANALYSE DE LA DÉMARCHE

Une densité différenciée d’inspiration néerlandaise

Pour le définir, la municipalité a fait appel à des professionnels sensibles au développement durable : l’urbaniste Ton Venhoeven, d’Amsterdam, l’architecte parisien David Jouquand (Remingtonstyle), l’agence de paysagistes Okra d’Utrecht, familiers des polders, ces pays de plaine et d’eau, ont profilé un lieu de vie "désirable". Le maître-mot de leur schéma directeur est la densité. On comptera 25 à 100 logements à l’hectare, selon qu’il s’agisse de rangées de maisons individuelles, de petits collectifs ou d’immeubles de quatre à six étages, parfois bordés de plans d’eau. Le site ne présente pas que des avantages : ainsi, il est entouré d’autoroutes. Mais à la différence des friches ordinaires de notre région, il est très végétalisé : des arbres livrés à eux-mêmes après l’arrêt d’une activité de pépiniériste y ont composé une forme de petite forêt. L’essentiel de ce boisement sera conservé ; six hectares seulement seront bâtis, en deux phases successives de 200 et 300 logements. L’endroit a d’ailleurs été l’un des supports de l’étude pilotée par l’ADEME sur "Les arbres et le changement climatique".

Penser la mobilité à l’échelle du quartier

Le futur ensemble bâti s’ordonnera autour d’une voie unique de pénétration et de circulation automobiles. Les résidents n’auront droit qu’à une place de stationnement par logement. Les parkings seront placés au cœur des habitations. Des voies d’accès contrôlé, réservées aux interventions d’urgence, livraisons et déménagements, et des allées piétonnes et cyclistes partiront de la rue principale. Un système d’auto-partage sera organisé sur place. Par ailleurs, une ligne de bus à haut niveau de service est attendue à Grande-Synthe ces prochains mois ; la mairie a prévu de la connecter au Basroch par une navette. De même, une halte ferroviaire sera installée sur la ligne Calais-Dunkerque, à 500 m environ du rond-point et de la placette commerciale marquant l’entrée du nouveau quartier.

Vers la transition énergétique

Qui dit éco-construction dit évidemment qualité énergétique. Jusqu’où ira-t-on dans ce domaine au Basroch ? La question reste ouverte. Damien Carême a longtemps espéré que les logements pourraient être passifs, c’est-à-dire à consommation quasi-nulle. Mais le souci de maîtrise des coûts conduira peut-être à l’adoption d’un système légèrement moins performant. Il n’est pas question, par exemple, de rogner sur la taille des habitations pour les faire entrer dans l’épure financière du modèle passif. "Par ailleurs, note Clarisse Lesein, directrice générale adjointe de la mairie, si la facture de consommation des habitants d’un logement sans chauffage actif est très faible, le montant de l’abonnement réclamé par le fournisseur d’énergie reste non négligeable". Les réflexions se poursuivent donc avec l’équipe Venhoeven/Jouquand. En attendant, la communauté urbaine de Dunkerque examine la possibilité de raccorder son réseau de chaleur local au centre de valorisation énergétique de l’agglomération puis de l’étendre à Grande-Synthe. On avait également parlé de production d’électricité par éoliennes sur axe vertical mais le prototype installé sur le stade de Grande-Synthe a souffert des tempêtes hivernales avant d’avoir pu faire ses preuves... En arrière-plan de ces choix et recherches, se dessine bien sûr la troisième révolution industrielle (TRI) engagée par le Nord - Pas de Calais : le Basroch se voit bien en "quartier Rifkin" mais le mode d’emploi reste à construire...

L’eau, utile et féconde

A l'été 2014, la Société publique d’aménagement du Dunkerquois (SPL SPAD), chargée de piloter l’aménagement de la ZAC du Basroch, a lancé deux études. La première porte sur la gestion des eaux. La pluie, d’abord : elle cheminera, par des noues végétalisées, des toitures vers les bassins de rétention qui parsèment le projet. Quant aux eaux usées, elles seront épurées naturellement par des filtres de plantes (iris, fétuques, joncs et autres scirpes). Les fluides traités rejoindront, hors du périmètre de la ZAC, un taillis à courte rotation, où elles s’inflitreront ou s’évaporeront. Le deuxième chantier prospectif lancé par la SPAD concerne les espaces publics. L’étude est cadrée par quelques principes impératifs : la mise en valeur des qualités paysagères du site, le renforcement de la présence de l’eau, la limitation de l’imperméabilisation des sols, la création de nouvelles interactions avec la nature (éducatives, récréatives), le développement de la biodiversité.

FICHE D'IDENTITÉ

Titre de l'action

Grande-Synthe : l'écoquartier du Basroch

Lieu/échelle d'intervention

Stratégie de ville et de territoire.

Identification du porteur de projet

  • Maîtrise d’ouvrage : Socité Publique d’Aménagement du Dunkerquois (SPAD)
  • Urbaniste en chef : groupement Venhoeven/Remingtonstyle/Okra, avec Safege et Artémia
  • www.ville-grande-synthe.fr

Partenaires

 

Indicateurs de moyens et de résultats

  • Contexte urbain : La commune de Grande-Synthe, le territoire de la communauté urbaine de Dunkerque.
  • Surface prévue de logements : 40 000 à 45 000 m2
  • Surface des espaces verts et plans d’eau : 15 ha
  •  Activités (commerces, restaurants, bureaux) : 2 500 m2

Période de réalisation

  • Début du projet : 2009
  • Temps des études : 2009 - 2014
  • Démarrage des travaux d’infrastructure : 2015 ou 2016.

Bénéficiaires / cibles de l'action

Tous les acteurs du territoire

Documents de référence disponibles

 

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