Mis à jour le 17 mars 2016

Étalement urbain, développement des zones d’activités, notre paysage se transforme et révèle un constat alarmant : le foncier agricole se fait grignoter ! Alors que les chiffres martèlent qu’il est urgent d’agir – 1300 ha d’espaces agricoles et naturels sont recouverts de béton chaque semaine en France, soit environ 180 ha par jour - l’espace à vocation agricole reste encore déconsidéré, relégué au rang de simple variable d’ajustement. Alors, pourquoi ne mesure-t-on pas bien l’enjeu de conserver ces terres ? Comment pérenniser la vocation agricole du foncier ? Pourquoi ne pas saisir l’opportunité de s’appuyer sur cette ressource locale – une terre de qualité, fertile - pour inventer, imaginer 1001 projets à forte valeur ajoutée pour le territoire ?

Car les surfaces ne sont pas destinées qu’à être urbanisées : terres nourricières pour les habitants, terres de vie dans une nature préservée, terres aux ressources économiques insoupçonnées, les bienfaits sont multiples. Et parce qu’on ne peut pas faire machine arrière et qu’il n’y aura guère que du béton qui poussera sur une terre artificialisée, il est temps d’inverser notre regard et de prendre en compte la thématique agricole à la hauteur de ce qu’elle représente ! Parmi nos leviers d’actions, le SCOT, en tant qu’outil de dialogue pour construire une vision partagée de la gestion de l’espace et le devenir de nos territoires...

Une prise de hauteur pour une prise de conscience partagées

Prenons littéralement de la hauteur, imaginons-nous en train de survoler notre territoire. Il nous suffit d’un seul coup d’œil pour voir les terres agricoles. Mais prenons le temps de bien regarder... Visualisons maintenant :

  • le marché approvisionné en circuit court qui pourrait être proposé
  • l’offre de qualité qui pourrait être structurée pour la restauration collective de nos cantines scolaires, de nos entreprises, de nos établissements publics
  • le développement du tourisme de bouche, de terroir 
  • la contribution au déploiement d’une filière économique locale territoriale : lait, viande, miel, bois ?
  • les nombreux agriculteurs travaillant leurs terres
  • la diversité des cultures, des élevages : céréales, maraîchage, prairie, bovins, chèvres, ovins et la biodiversité : haies, bois, mares...
  • et bien d’autres projets encore à construire sur la base d’une connaissance fine de l’agriculture de son territoire (qualité de l’eau etc.)

Ces terres agricoles, nous les avons vus, surtout nous venons de les considérer autrement ! Parce que nos terres agricoles méritent d’avoir un rôle et une fonction de premier plan, prenons le temps d’imaginer les résultats/ les bienfaits qu’un projet agricole structuré pourrait nous apporter...

Prenons conscience aussi que cela n’existera que si le foncier agricole est préservé ! Prenons conscience enfin qu’un projet agricole ne se décrète pas et doit se construire sur la réalité du territoire et des ambitions collectives...

Construire le diagnostic

Rien ne sert de fantasmer un projet agricole si le territoire ne s’y prête pas ou ne s’y prête plus. Mieux vaut savoir « ce qu’on a » sur son territoire pour choisir « ce qu’on va faire ». Même si cela peut paraître évident, l’erreur a parfois été faite de décréter un projet hors-sol, inadapté ou partiel. En ce sens, le diagnostic du territoire, en particulier sous l’angle agricole, est une étape importante.

Le diagnostic est une étape incontournable pour récolter des connaissances et caractériser les besoins par :

  • une analyse factuelle, statistique : vous aurez à votre disposition des chiffres sur l’évolution des productions agricoles, la dynamique d’installation des exploitants, Vous découvrirez alors une réalité que vous ne soupçonniez guère...
  • Des chiffres qui prendront tout leur sens lorsqu’ils se confronteront aux ressentis, aux préoccupations des agriculteurs sollicités, des coopératives agricoles... Vous comprendrez alors pourquoi monsieur X a vendu sa parcelle ou pourquoi madame Y a changé sa culture...
  • Le diagnostic et la définition du Projet d’Aménagement et de Développement Durable sont aussi les étapes clefs pour se projeter, et construire une vision partagée d’un futur souhaitable et désirable.

S’ouvrir au dialogue

Le diagnostic soigneusement orchestré, direction la table de négociations du SCOT (Schéma de COhérence Territoriale) En tant qu’outil stratégique d’aménagement, intégrateur de politiques publiques et de prospective, le SCOT est une démarche-outil permettant de mieux considérer l’agricole et ses multiples enjeux pour le développement et l’aménagement du territoire, notamment en :

  • reconnaissant ses différentes facettes : levier préservation des paysages et de l’identité culturelle du territoire, ou encore pourvoyeuse d’activités économiques et d’emplois locaux, garante de qualité de l’eau, au cœur des enjeux climat-énergie...
  • reconnectant activités agricoles et système alimentaire territorial.

Les acteurs du territoire et du système agricole et alimentaire du territoire sont attendus à la table pour co-construire le SCOT pour porter au débat les enjeux et/ou conflits d’intérêt (circuits courts vs filières longues, lotissement – préservation de terres arables... ). C’est la diversité des acteurs impliquées dans le processus de dialogue qui garantira la qualité du SCOT et permettra de sortir des clivages et l’opposition des fonctions. Pour sonner le glas de la concurrence des sols et faire de l’agriculture un levier de développement du territoire !

C’est ensemble qu’élus, agriculteurs, citoyens et acteurs économiques devront construire un projet agricole pour le territoire qui sera conforté par les outils de protection, d’animer ou de suivi que l’urbanisme pourra mettre à sa disposition pour dessiner l’agriculture de demain !

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