Mis à jour le 17 mars 2016

"Mobiliser les acteurs pour mettre en œuvre la TVB", c’est sous l’étiquette de cet alléchant programme que le Cerdd s’est rendu à Paris pour la journée d’échange de la Fédération des Parcs naturels régionaux. Ayant identifié depuis plusieurs années le dialogue territorial comme une condition de succès dans la conduite des projets TVB, le Cerdd co-organisait l’évènement. Retour sur une journée placée sous le signe d’une révolution culturelle !

S’il est un constat unanimement partagé, c’est la difficulté de décliner opérationnellement les projets de Trame Verte et Bleue :

  • Agriculteurs, chasseurs, randonneurs : autant d’usagers du terrain auxquels se confrontent les actions de biodiversité
  • SCOT, PLU Communal, aménageur, élu, autant de compétences et d’acteurs sur lesquels agir pour inscrire la TVB au projet d’aménagement du territoire

Et c’est complexe de mettre autour d’une table, de mobiliser autant d’acteurs ! D’ailleurs, P. Barret le rappelait, ne nous trompons pas sur le sens des mots : si les militaires mobilisent pour mettre en rang, ici on rend "mobile, on met les gens en mouvement vers un projet commun". Ça fait un sacré distinguo sur le sens du dialogue à mener...

La biodiversité, pour quoi faire ? Et surtout pourquoi faire ?

Les espaces à vocation écologique sont souvent vulnérables en ce sens qu’ils sont considérés parfois comme la variable d’ajustement des projets face à d’autres enjeux dits « dominants ». Une haie peut du jour au lendemain être coupée au bénéfice d’une opération d’urbanisme : bénéfice, en sommes-nous sûrs ?

L’un des enjeux majeurs de la trame verte et bleue est de pérenniser les projets qu’elle fait naître. C’est vrai, nous vient-il à l’idée de remettre en question tous les 5 ans une zone d’activité construite pour le développement économique du territoire ? Serait-ce du bon sens que de détruire une église à forte « valeur » patrimoniale pour construire une route ? Et d’assécher une mare ? …

Proposer un processus de connaissances et de compréhension des enjeux des uns et des autres dans le cadre des projets de biodiversité est donc plus que nécessaires parce que :

  • La biodiversité et sa protection sont des enjeux qui créent des réticences à l’action, et a pu faire l’objet d’antagonismes parfois historiques sur les territoires (pêcheurs, chasseurs, agriculteurs, aménageurs, associations etc).
  • Les projets de protection ou de reconquête de la biodiversité sont long à mettre en œuvre mais potentiellement faciles à défaire (en un coup de bulldozer), il est ainsi essentiel d’inscrire ces projets dans l’ADN des gens.
  • Enfin, le principe d’irréversibilité propre à la disparition d’espèces appelle à une responsabilité collective.

Autant de bonnes raisons pour mettre en œuvre un processus impliquant l’ensemble des acteurs influants sur les espaces concernés par la TVB qui contribueront à l’élaboration de solutions collectives et partagées. Né de l’idée que de la diversité des visions et besoins des acteurs peut naître des solutions originales, efficaces et pérennes : osons le Dialogue Territorial !

Dialoguer, une activité qui requiert un vrai savoir-faire !

C’est éprouvant de dialoguer pour les porteurs tant cela requiert des compétences particulières dans un contexte de mise en place d’un projet TVB ! On ne les soupçonne pas, on a l’impression que c’est inné, presque facile, qu’on parviendra toujours à conduire le débat, à maitriser « l’art du mouvement ».

Mais ces projets TVB, hautement complexes et tellement nécessaires, méritent et imposent une professionnalisation dans le dialogue. Il y a des règles, il y a des principes, il y a déjà ce changement qui fait qu’ici on ne cherche pas à mettre d’accord les gens mais plutôt à faire en sorte qu’ils se comprennent. Pour P. Barret, "nous sommes au cœur d’une révolution culturelle". Révolu le temps où le dialogue se résumait à la simple expression de nos positions, à l’émission d’avis, de commentaires, le fameux "qu’est-ce que vous pensez de..."

« Est-ce que vous avez bien compris ce que voulait dire votre interlocuteur... » est la VRAIE question qui se pose pour s’ouvrir à l’autre. Cet autre - le voisin, l’agriculteur, l’écologue - que vous écouterez, vous considérerez.

Parce qu’on pourrait en dire beaucoup plus : la posture de l’animateur, la question des représentations, le choix des mots, la place de l’expertise, le cadre du dialogue territorial...

C’est pour embrasser toutes ces notions que le Cerdd a proposé en partenariat avec le CNFPT une formation au processus de dialogue territorial en janvier 2013. Ce besoin de formation a été rappelé lors de la journée d’échange TVB de la Fédération des Parcs naturels régionaux, où Philippe Barret a précisé qu’il « faut créer les conditions pour que chacun porte cette capacité à créer le dialogue ».

A l’heure où nous parlons de transition et de changement de comportement à opérer dans nos métiers, comme dans notre quotidien, ces savoir-faire sont plus qu’indispensables.

POUR ALLER PLUS LOIN

. Programme et présentations de la journée

. Compte rendu de la journée

. Fiche synthèse du groupe d'échange

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