Mis à jour le 14 juin 2021

Face aux scenarii les plus sombres de l’urgence climatique, les territoires montent au créneau pour envisager des solutions à court, moyen et long terme. La Communauté de Communes d’Amiens Métropole vient de boucler son Étude de Planification Énergétique. Après le diagnostic et la stratégie élaborée, place maintenant aux actes !

CONTEXTE ET DESCRIPTION DE L’ACTION

Amiens ville
© Amiens Métropole

La Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) pose depuis 2015 le cadre au niveau national. La démarche rev3, propre à la Région Hauts-de-France, donne le caractère régional aux perspectives énergétiques envisagées par le territoire de la Communauté de Communes d’Amiens Métropole (CCAM). L’Étude de planification énergétique (EPE) est un outil, conçu par l’ADEME, au service des territoires pour les aider à prendre des décisions politiques éclairées lors de l’élaboration de leur stratégie de transition énergétique.

Là où certains y voient une contrainte réglementaire à respecter, d’autres, comme Amiens Métropole (178 892 habitants, 39 communes et 350 kms2) identifie de multiples opportunités à saisir, en lien avec son Contrat d'Objectifs Territorial Energie Climat (COTEC).

Transformer la production d’énergies de fossiles à renouvelables, de mondiale à locale. Passer à un mode de stockage d’énergie à celui des flux des énergies produites... Les objectifs à atteindre des dispositions réglementaires sont implacables, et sont à tenir dans un contexte particulier, celui de la libéralisation du marché des énergies.

C’est aussi une opportunité à saisir pour les collectivités territoriales, qui se prévalent depuis la loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (MAPTAM) d’une nouvelle compétence de régulateur dans le secteur de l’énergie. Au terme d’une période de dix-huit mois de diagnostic et de vision prospectiviste, Amiens Métropole vient de définir sa trajectoire énergétique pour les décennies à venir.

Objectif à l’horizon 2050 : amener son territoire vers l’autonomie énergétique maximale possible.

ANALYSE DE L’ACTION

Un point de départ : Amiens Métropole consomme actuellement 6 TWh par an, tous secteurs d’activités confondus (logements, bâtiments tertiaires, mobilité, frêt, industrie, agriculture et éclairage public).

Une ligne d’arrivée : diminuer de plus de 60 % sa consommation énergétique d’ici 2050, s’inscrire ainsi pleinement dans les objectifs de la LTECV et atteindre voire dépasser les objectifs régionaux rev3/ SRADDET avec une consommation de 2,2 TWh par an d’énergies renouvelables produites localement en 2050.

Un enjeu de taille

Les possibles pour atteindre ce but ? « Nous avons quatre priorités ; le solaire, la géothermie, la méthanisation et la récupération de chaleur fatale, indique Annick Delannoy, chargée de mission Climat à la direction du Développement Durable, Climat et Biodiversité à Amiens Métropole. A ce jour, l’autonomie énergétique de notre territoire n’est pas envisageable à échéance 2050 mais nous maximisons nos efforts pour tendre vers cet objectif et cherchons des pistes de coopération interterritoriale pour y parvenir à terme. »

L’accès obligatoire aux données de consommation a permis d’établir un état des lieux énergétiques du territoire ; Amiens Métropole a ainsi pu réaliser le diagnostic de ses besoins énergétiques actuels, des types d’énergies consommées et des productions énergétiques déjà effectives sur le territoire. Une cartographie des réseaux énergétiques de distribution et de transport de gaz, d’électricité et autres (hydrogène, chaleur, froid…) a été élaborée, véritable instantané de la situation énergétique du territoire.

amiens énergie
© Amiens énergies

Ce qui en ressort ? Un recours favorable au mix d’énergies renouvelables suivantes :

  • un potentiel bois énergie évalué à 30 GWh
  • un potentiel biogaz évalué à 190 GWh (hors cultures intermédiaires à valorisation énergétique)
  • un potentiel géothermie évalué à 40 GWh
  • un potentiel de chaleur fatale avec récupération des calories de la station d’épuration des eaux et de la méthanisation des déchets, des data center… - et une grande ambition solaire avec un potentiel évalué à 94 GWh
  • un potentiel d’électricité renouvelable évalué à 117 GWh

Ambition solaire

«  Nous déployons actuellement massivement un plan solaire territorial, avec la construction d’une centrale solaire à 12 GWh/an a minima qui pourra couvrir nos nouveaux besoins comme celui d’un réseau de chaleur urbain de 40 kms fonctionnant conjointement avec cinq types d’énergies renouvelables, ou ceux de notre réseau de transport urbain opérationnel aujourd’hui à 75 % d’énergie électrique pour arriver à 100 % à terme, poursuit Annick Delannoy. Nous disposons d’une grande parcelle de 18 ha pour produire l’électricité de notre réseau de bus et du pôle aquatique métropolitain. La thermographie que nous avons réalisée va également permettre à chacun de connaître le potentiel solaire de chaque toiture, de chaque bâtiment… ».

RÉSULTATS DE L’ACTION

Co-construction, partenariat et autonomie

Amiens Métropole multiplie donc ateliers de co-construction et rencontres avec les acteurs locaux pour faire émerger les projets, les partenariats et renforcer ainsi sa nouvelle dynamique. Elle souhaite la main dans la définition, la mise en œuvre et la gestion de sa nouvelle stratégie énergétique tout en s’entourant de partenaires complémentaires : Agence d’Urbanisme, SEM Amiens Développement, SEM Amiens Energie, Clubster Energaïa, A.E.C. Expertise et Conseil, Energies Demain, Enedis, GRDF, Fédération Départementale Energie 80, la Région Hauts-de-France, l’ADEME et le Pôle Métropolitain.

« Une gouvernance adaptée à ce projet est encore à mettre en place avec linstallation prochaine d’un premier comité de pilotage », souligne Annick Delannoy qui assure que la réflexion stratégique va transcender les limites de l’étude achevée en août 2019 pour aller vers une démarche toujours plus systémique et innovante dans ses modes de gestion.

Comme celui du réseau de chaleur, co-géré par Amiens Métropole (actionnaire à 34%), la Caisse des Dépôts et Consignations (34%) et par Engie Cofely. Les dividendes de la redevance d’occupation du domaine public par le réseau de chaleur ainsi collectée représentent une dotation d’un montant de 350 000 € par an, entièrement alloués au dispositif d’aide à la rénovation énergétique des habitations des Amiénois, l’autre challenge d’Amiens Métropole.

Amiens Métropole se positionne désormais comme le pôle d’excellence « Énergies » en Hauts-de-France avec son cluster de recherche entreprises-universités. Les alternatives au stockage de l’énergie par batterie au lithium font l’objet de recherche et développement par les start-up de l’incubateur du cluster. Et l’éolien - la Somme est le premier département de France en énergie éolienne – reste une approche complémentaire pour le Pôle Métropolitain.

chaufferie Biomasse Amiens
© Amiens énergies

Produire, consommer et dépenser localement

« Grâce à cette stratégie, la consommation énergétique dans les années à venir va pouvoir être contenue et croître faiblement malgré l’augmentation de la population, prévoit Annick Delannoy.  En revanche, le prix de l’énergie va exploser. Pour brider cette dépense, il nous faut fabriquer l’énergie localement, une énergie moins chère à la production et créatrice d’emplois locaux. Nous avons cette volonté de dépenser l’argent localement, en faisant travailler, par exemple, les artisans pour la rénovation des bâtiments et les maisons.

Les élus réagissent en général quand on leur précise que notre facture énergétique annuelle - qui représente quand même 480 millions d’euros - est réglée à des prestataires extérieurs au territoire amiénois. Si rien n’était fait, en 2050 en terme de consommation, la facture énergétique globale du territoire atteindrait 1000 millions d’euros par an ! Notre ambition, en agissant à la fois sur la consommation et la production, est donc de contenir cette facture à 390 millions d’euros par an, soit une réduction de 63 % et l’équivalent d’un million d’euros à euro constant au service de notre économie locale»

Un défi mobilisateur pour tous !

passoire thermique amiens
© Amiens énergies

CE QU’IL FAUT RETENIR

 « Nous passerons d’une consommation de 6 TWh/an à une consommation de 2,2 TWh/an d’ici à 2050 grâce au mix d’énergies renouvelables produites localement que nous sommes en train de mettre en place, mais aussi grâce à la maitrise de la consommation d’énergie par l’amélioration thermique des bâtiments et habitations»

Fiche identité

Titre de l’opération : Étude de planification et de programmation énergétique d’Amiens Métropole

Lieu/Échelle de l’action : Amiens Métropole, Place de l'Hôtel de ville, 80000 Amiens

Structure porteuse : Amiens Métropole / Tél : 03 22 97 40 40

Contact : Annick DELANNOY / Mel : A.delannoy@amiens-metropole.com / Tél : 06 95 26 86 10

Partenaires : ADEME, Région Hauts-de-France

Montant de l’opération : 95 520 € TTC

Financement ADEME : 66 864 €

Indicateurs de moyens et de résultats : diminuer de plus de 60 % sa consommation énergétique d’ici 2050 / passage d'une consommation de 6 TWh/an à 2,2 TWh/an d’ici 2050

Date de l’opération : Rendu final de l’étude en août 2019 – durée 18 mois

Bénéficiaires/cibles de l’action : la collectivité territoriale et l’ensemble des acteurs

Documents de référence disponibles : 

  • Synthèse de l’Étude de Planification Énergétique - Amiens Métropole

Synthèse de l’Étude de Planification Énergétique - Amiens Métropole

    Objectifs de développement durable

  • 13. Lutte contre le changement climatique
  • 7. Énergie propre et d'un coût abordable
  • 8. Travail décent et croissance économique

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