Mis à jour le 23 mars 2021

Ce programme, lancé en 2005, mobilise un ensemble de partenaires publics et privés travaillant de concert. VIF est porté par une association, FLVS (Fleurbaix-Laventie - Ville, Santé), qui pilote, développe et coordonne les actions menées sur les communes. Interview de Dorothée Germain, chef de projet, ville de Saint-André, Agnès Lommez et Christophe Roy, coordinatrice et directeur du programme VIF.

UNE AMBITION COMMUNE, UN AGENCEMENT DES COMPÉTENCES POUR DES RÉPONSES COLLECTIVES

Méthode

La présence et l’animation au plus près des bénéficiaires sont des points clés du programme. Aussi, chaque commune est dotée d’un référent local qui anime le réseau. Autre point important au-delà de la proximité : la co-construction. Les villes adhérentes reçoivent un appui afin d’élaborer un programme d’actions qui leur est spécifique. Réalisé avec les élus locaux, il répond donc d’abord aux besoins spécifiques de ce territoire et à l’ambition de faire ensemble. Le programme VIF est force de proposition : chaque année, une thématique annuelle est proposée aux villes ; par exemple : les portions alimentaires, les rythmes des repas, les goûters…

Vivons en Forme (VIF)

© VIVONS EN FORME

Une problématique clairement identifiée : l’obésité. Comment aborder ce sujet sensible ?

Le surpoids est lié à trois facteurs principaux : l’inactivité en lien avec la sédentarité ; les comportements alimentaires ; les problèmes hormonaux et leurs répercussions sur le sommeil des enfants. Nous sommes donc face à des questions avant tout comportementales.

En conséquence, il est nécessaire de faire évoluer les modes de vie. Parmi les obstacles, il y a des dimensions “culturelles” ; par exemple, le fruit n’est pas ou n’est plus synonyme de plaisir. On constate qu’il ne s’agit pas d’un problème de prix, mais bien d’une perception : les fruits sont “ringards”. Le programme Vivons En Forme propose de développer cette vision d’ensemble des enjeux, et notamment cette approche comportementale. D’un point de vue général, le programme s’intéresse aux questions de modes de vie liées à la sédentarité.

Agir sur les représentations et les comportements est un changement long.

C’est pour cela que le programme d’actions s’inscrit dans le moyen terme et que la contractualisation avec les communes est établie sur 5 années au minimum. Cet engagement se concrétise par la mise en place d’un comité de pilotage commun. En complément, l’association FLVS assure la mise en place d’études épidémiologiques ou sociologiques, d’actions de prévention ou de promotion en matière de santé. Elle assure la formation des partenaires sur la prise en charge des enjeux de santé afin de permettre leur montée en compétences sur ces sujets. De plus l’association conduit un accompagnement, un suivi et une évaluation des dispositifs locaux. L’ensemble de la démarche est construit dans une logique de capitalisation et diffusion des bonnes pratiques tirées des expériences locales.

Comment se définissent les contours de la solution ?

La méthode de travail proposée par le programme VIF repose sur la logique de co-construction. La définition des priorités et objectifs des programmes sont sous la responsabilité des villes partenaires. L’association FLVS vient en appui à la mise en place du comité de pilotage. Elle nourrit la réflexion et les travaux du comité de pilotage, par un partage d’expériences, de ressources… Mais ne définit pas les orientations ni les actions à mener. De la même manière, l’association participe à l’évaluation des actions locales mais pas à leur mise en oeuvre.

Les actions du programme VIF à Saint-André

En 2007, c’est sur une décision politique que la ville de Saint - André a adhéré au programme Vivons en Forme et s’est engagée à mettre en place des outils et des activités pour les publics concernés. Nous avions fait le choix, à Saint-André, en 2001, d’une cuisine centrale autogérée équipée d’une légumerie. L’engagement dans ce programme a été fait avec la volonté d’intégrer à la dimension alimentation un volet sur les “activités physiques” et la notion de bien-être. Le projet à Saint-André n’est pas parti de zéro. Nous nous sommes appuyés sur des actions déjà engagées vers des publics scolaires, sur nos partenaires locaux tels qu’INTERFEL (Interprofession des Fruits et Légumes frais) et le MIN de Lomme avec le projet Fraich’attitude (cf. page 7 de la publication "Système Alimentaire et Coopérations entre acteurs du territoire").

Dans le cadre du programme VIF à Saint- André, les actions sont orientées sur :

  • L’alimentation comme moyen d’éveil des sens : répondant aux besoins de faire redécouvrir le goût et d’éduquer le goût afin de lutter contre le surpoids.
  • Le lien entre le surpoids et le sommeil, un travail engagé depuis 2011.
  • La construction d’un diagnostic IMC (indice de masse corporelle) dans la commune a indiqué un résultat de 17 % de surpoids. On note une inégalité sociale face au surpoids : 20 % de surpoids dans les quartiers les plus défavorisés contre 14 % pour les quartiers plus aisés.

Mobilisation du système d’acteurs : de qui s’agit-il ?

Le système d’acteurs dans l’action de Saint-André est composé du Groupement qualité NPDC et FLVS, hébergés au sein de la Maison des saveurs, de l’Agence Régionale de Santé, de l’Éducation Nationale, des accueils de loisirs, du CCAS, des associations sportives, de parents d’élèves… Le rôle de la chargée de mission de la commune de Saint-André est d’animer le réseau d’acteurs dans une logique de coopération.

Des actions sont définies et se mettent en place en partenariat avec les acteurs locaux. Dans les écoles, une action principale touche les 3-6 ans : l’éveil des sens. Elle est conduite sous la forme de petites animations proposées à des groupes de 10 enfants. Dans le déploiement de l’action, il y a d’abord eu une première école pilote. Après évaluation, deux écoles supplémentaires ont désormais rejoint l’action. Aujourd’hui, près de 500 enfants en bénéficient. Mais d’autres actions sont également développées pour les plus grands : le sommeil, les bienfaits de l’activité physique, l’équilibre alimentaire…

Autres exemples d’actions initiées par les acteurs locaux :

  • Un temps d’activités physiques parents- enfants, par l’USSA Vacances.
  • Un rallye inter-écolegéré par les parents d’élèves.
  • Un café citoyen, lancé sur les questions de l’alimentation et qui permet la mise en place d’un SEL (Système d’Échange Local).

Une autre action à destination de populations fragilisées a été construite avec le CCAS. Ce projet consistait notamment en la création d’une cuisine qui soit en même temps un lieu de vie au sein de la maison de quartier.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans la mise en place de cet ensemble d’actions ?

Tout d’abord, il est plus difficile de construire des partenariats avec les commerçants, car le partenariat doit être impérativement gagnant-gagnant. La mairie n’a pas pour mission d’intervenir dans les supermarchés et encore moins d’y concevoir des animations sur les questions d’alimentation. Par ailleurs les médecins sont encore dans une logique plutôt curative et non préventive, en ce sens il n’est pas évident de les faire participer aux événements dédiés à la prévention.

En quoi ce programme questionne l’environnement urbain et l’aménagement ?

La première chose est que ce questionnement n’est possible qu’après plusieurs années d’apprentissage tant sur les enjeux d’alimentation que sur leur lien aux questions d’aménagement urbain. À Saint-André, un parcours santé dans la ville a été mis en place, à l’initiative du Conseil des Jeunes. Des zones d’activités sportives ont été aménagées pour faciliter le “bien bouger” dans les cours d’école. Et ça marche !

Comment articuler le pilotage et les dimensions opérationnelles ?

L’articulation se fait principalement par l’implication des partenaires dans l’ensemble des réunions, en particulier lors du partage des évaluations et bilans des opérations collectives. Mais pour que le projet soit une réussite, il y a besoin de sensibiliser et de mobiliser les élus et techniciens. Le dispositif de pilotage, animation et évaluation, permet d’appréhender le programme dans son ensemble et d’adapter sa conduite sans cesse. Ainsi, au cours de l’action sur le gaspillage alimentaire, le besoin est apparu de construire des formations pour les personnels de service de la restauration scolaire afin qu’ils valorisent les fruits et légumes et les fassent goûter. D’ailleurs, l’enjeu de professionnalisation des personnels de service est généralement important car ce sont des acteurs clés.

Quels sont les outils d’évaluation de ces actions locales ?

Le programme VIF s’appuie sur deux types de dispositifs d’évaluation : Le premier porte sur les comportements. Il s’agit d’un ensemble d’outils pour mesurer le changement de comportement alimentaire des enfants. Ces outils prennent la forme de questionnaires pour les enfants et les parents, afin de partir de leurs réalités alimentaires pour infléchir l’action. Le second porte sur les politiques publiques et prend la forme d’une grille d’évaluation des politiques locales alimentaires4.

DÉCRYPTAGE DE LA DÉMARCHE “VIVONS EN FORME” :

Une ligne claire de partage et d’agencement des compétences

Les projets “alimentation” sont souvent des projets complexes, tant par la diversité des enjeux que celle des opérateurs et des problématiques associées.

Souvent les questions sont :

  • Par quoi commencer ?
  • Comment mobiliser autour de l’ensemble de ces enjeux qui ne sont pas les mêmes pour un agriculteur, un citoyen, un dirigeant d’une PME agroalimentaire, un CCAS, un supermarché, le milieu scolaire ?
  • Qui peut faire quoi ?
  • Comment ces opérateurs innoveraient-ils pour s’orienter vers un projet d’alimentation durable ?

Une problématique clairement formulée qui interpelle différents acteurs

La démarche “vivons en forme” propose une méthode intéressante qui repose sur un enjeu, la réalité d’un territoire, ici l’obésité. La ligne est claire, les questions simples :

  • Qui sont les opérateurs potentiellement concernés par cet enjeu ?
  • Comment chacun peut apporter ses compétences, son potentiel de solutions, ses ressources face à cet enjeu ?
  • Quelles sont les interconnexions, les coopérations à développer entre acteurs pour que les projets soient efficaces et optimisés ?

Par exemple, on peut imaginer une chaîne d’actions plus large en intégrant dans le réseau, le monde médical, les professionnels de l’alimentation… Des médecins sur un rôle d’alerte et d’orientation des patients, des nutritionnistes sur les conseils et les suivis en milieu scolaire, des restaurants ou supermarchés

relais de savoir-faire culinaires…

La collectivité locale : un rôle incontournable d’animateur, d’agenceur des professionnels et des bénéficiaires

Il faut une structure pour animer, aider à la coopération et à la mutualisation de moyens. Dans l’enjeu de l’obésité, la ville est un animateur adapté pour faire interagir de multiples compétences. Le chef d’orchestre a ce rôle d’animation incontournable pour s’assurer que tous agissent avec une orientation et un discours commun. C’est essentiel dans un contexte où nous perdons tous nos repères dans les choix alimentaires, tant les doctrines et les conseils sont multiples et souvent contradictoires. Cet assemblage d’acteurs sur une problématique est un point de départ pour se connaître et ensuite poursuivre son action sur d’autres enjeux forts du territoire. C’est bien la coopération qui permet de tendre collectivement vers un même objectif, et de créer les conditions d’un résultat positif (ici, une baisse du taux d’obésité), résultat qui n’aurait pas été permis si chaque acteur était resté dans son périmètre et avait mené des actions isolées.

VIF EN BREF

  • Objectif : lutter contre les problèmes alimentaires et les inégalités d’accès aux activités physiques chez les enfants en aidant les familles à modifier durablement et en profondeur leur mode de vie.
  • 214 communes en France
  • 5 salariés dont une coordinatrice en relation avec les villes, une ingénieure et une diététicienne.

Plus d’informations sur les outils d’évaluation

Contact

Association FLVS
03 20 11 20 46
contact@vivons-en-forme.org

Interview issue du guide "Système Alimentaire et Coopérations"

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. Découvrez nos vidéos "Alimentation et Transitions Économiques" : 4 entrepreneurs, agriculteurs de la région témoignent !

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