Mis à jour le 7 septembre 2023

L'écoquartier de Méricourt gagne à être connu. Il peut même être considéré comme un modèle en termes de stratégie urbaine, d'implication de la Ville, de prise en compte des besoins et des idées des habitants et de partenariats constructifs !

Comme tous ses homologues, l'écoquartier de Méricourt se caractérise par des aménagements innovants et des constructions prenant en compte l'environnement. Mais ce qui le distingue sans doute des autres, ce sont les principes qui président, sans faillir dans la durée, à sa réalisation. La mairie n'a pas voulu en faire un territoire d'exception mais un lieu de rencontre et de lien. "Il n'était pas question d'avoir d'un côté un secteur au top de la performance énergétique et de l'autre, des logements qui restaient des passoires thermiques, explique Sophie Mollet, responsable du service municipal "projet de ville - territoires".

L'écoquartier a été conçu comme une éprouvette, dans laquelle seraient élaborés de nouveaux procédés bénéficiant à l'ensemble de la commune.

Cette ligne sous-tend l'opération. Elle s'appuie sur une gouvernance collective, associant la Mission Bassin Minier, l'aménageur Territoires Soixante-deux, le cabinet d'architecture de Jérôme Houyez et la paysagiste Odile Guerrier, associée au bureau d'études Bérim.

De la couture, pas de prêt-à-porter

Le site est emblématique : le carreau désaffecté de la fosse "4/5 sud", une friche tout en longueur de 7 hectares qui coupait en deux la commune, entre la partie "Méricourt coron", issue de l'exploitation charbonnière et la partie "Méricourt village", plus ancienne. Bien que la présence d'une route départementale complique les choses, l'écoquartier est bien une entreprise de couture urbaine. Sans que l'identité du lieu soit niée. "En visitant des réalisations aux Pays-Bas, nous avons compris que la formule de quartiers un peu "bobos" et centrés sur eux-mêmes ne convenait pas à Méricourt", rapporte Jérôme Houyez.

Ici, l'histoire devait inspirer l'avenir.

La nature physique elle-même de l'ancienne emprise minière a été exploitée. Le sol schisteux a été conservé alors que des apports de terre végétale auraient pu être envisagés, et le dénivelé du terrain n'a pas été rectifié. Au passage, car rien n'est rose et simple, il a fallu aussi maintenir quelques tonnes de terres polluées en confinement sur place...

L'entrée de la médiathèque
Médiathèque © SEM Territoires Soixante-deux

D'abord une médiathèque

Enfin et surtout, la population de la ville a été associée à la définition du projet. "La participation des habitants est un fait intégré par tous les services municipaux", résume Sophie Mollet. Cela a commencé par une réflexion sur la création d'une médiathèque (plutôt qu'une extension de la bibliothèque existante). Il est apparu à chacun qu'elle devait être localisée sur l'ancienne fosse, comme un point de ralliement. L'équipement de 1 230 m2 avec un auditorium de 100 places a été conçu par les cabinets de Alzua et 9.81 selon les normes de la haute qualité environnementale. Il donne sur un vaste parvis de 5 000 m2 et peut, symboliquement, être traversé par les piétons en son centre. Il a été inauguré lors d'une grande fête en 2011 et baptisé "espace culturel La Gare". Le 1er immeuble d'habitation a été implanté à proximité en 2012 : une résidence de Pas-de-Calais Habitat de 24 logements locatifs sociaux, avec une micro-crèche au rez-de-chaussée. Ses performances dépassaient les exigences de la RT 2012 (elles ont été renforcées depuis par la pose de panneaux photovoltaïques). Dans la foulée, Territoires 62 a aménagé la totalité de la friche, située au croisement de deux trames vertes intercommunales. Plus de 7 000 végétaux ont été plantés et des chemins tracés sur 2,1 hectares d'espaces verts (soit environ 30 % de la surface de la ZAC), entretenus sans produits phytosanitaires. Et une ligne d'autobus a été mise en route pour desservir le quartier naissant.

Un smart griD

Une 2ème phase a débuté au milieu de la décennie. Pas-de-Calais Habitat a engagé un programme de 26 appartements en petits collectifs à ossature bois. Le chantier, à l'arrêt du fait de la défaillance d'une entreprise, devrait être bouclé en quelques mois. La nouvelle réalisation marquante, livrable début 2019, sera un combiné restaurant scolaire et centre social, d'un coût total de 10 M€. "Un bâtiment, deux fonctions principales, plusieurs publics", synthétise Jérôme Houyez qui l'a dessiné. Les 2 500 m2 de locaux s'ordonneront autour d'un patio central ouvert ; des activités pourront se tenir sur le toit. Le bâtiment sera à énergie positive. Une cogénération gaz-électricité et des panneaux photovoltaïques produiront de l'électricité. "Cette énergie ne pourra être exploitée directement mais elle sera vendue à EdF qui, en contrepartie, accordera des réductions sur l'électricité fournie à la médiathèque", explique Frédéric Termine, directeur des services techniques de Méricourt. En outre, la consommation du futur équipement sera optimisée en fonction de l'usage aux différentes heures de la journée et des besoins de ses diverses composantes. L'ensemble constitue un smart grid (réseau intelligent), co-élaboré par la commune et Enedis.

Aménagements paysagers
Aménagements paysagers © SEM Territoires Soixante-deux

Les enfants rassemblés

Au-delà des performances techniques, l'ambition de la mairie est de rassembler là pour le déjeuner tous les enfants des écoles maternelles et primaires inscrits en demi-pension. Toujours la même idée : que l'écoquartier fasse partout écho...

Pour les trajets, la ville favorisera les déplacements à pied.

"Il ne serait pas très cohérent de faire converger plusieurs autocars vers un écoquartier partagé entre voiture et modes doux", observe la responsable du projet de ville, Sophie Mollet. Des habitants, disposant d'un budget participatif annuel de 50 000 euros, ont déjà établi plusieurs cheminements vers "la cantine" ; c'est le projet "Si on faisait un bout de chemin ensemble". Les médecins de la commune ont aussi été mobilisés pour promouvoir les bienfaits de la marche. Les repas, qui seront cuisinés sur place (et non plus seulement réchauffés après livraison), intégreront des aliments locaux et bio.

Une offre de logement équilibrée

Quelque 290 logements (une cinquantaine à l'hectare) étaient et demeurent au programme de l'écoquartier. Presque 10 ans après le coup d'envoi, on est loin de ce compte. "Nous aurions pu aller plus vite, il suffisait de ne commercialiser que des lots libres, note Frédéric Termine. Mais notre objectif était de constituer une offre équilibrée, entre construction individuelle, logements locatifs sociaux et logements en accession". Problème : le territoire minier souffre toujours d'un manque de dynamisme économique et social. Autre "ralentisseur" : la réduction des moyens des bailleurs sociaux qui les oblige à reporter certains investissements. Par ailleurs, la mairie a repoussé quelques velléités d'investisseurs intéressés par des produits de défiscalisation ; elle souhaitait réserver les logements à vendre à des propriétaires occupants. Malgré tout, des programmes nouveaux voient quand même le jour. Le promoteur Pierre et Territoires de France réalise 17 maisons (9 en accession et 8 locatives qui seront gérées par la société régionale des cités-jardins). Elles seront groupées par 2 et par 4, ce qui ménagera des vues sur l'espace vert central pour les 12 maisons bientôt édifiées sur lots libres en limite de quartier. Plus près des équipements publics, la société Ikéria, filiale promotion immobilière du groupe Mathis, lance son 1er projet de logements préfabriqués en bois ; il y en aura 21 en petits collectifs et 15 en immeubles intermédiaires, à vendre à un bailleur social.

Habitat participatif et collaboratif

A plus long terme, la SEM Territoires 62 produira elle-même un îlot de 9 maisons en accession à la propriété tandis que Pas-de-Calais Habitat remettra le couvert, en partenariat avec l'association Vies partagées, pour 8 logements locatifs destinés à des personnes handicapées. La municipalité dirigée par le maire communiste Bernard Baude couve encore quelques belles idées dans lesquelles les citoyens doivent occuper une position centrale. D'abord un projet d'habitat participatif d'une dizaine de logements, qui suppose l'accompagnement et le portage d'un bailleur social. Et puis une démarche de construction collaborative : des particuliers pourraient concrétiser leur rêve de maison individuelle, en le bonifiant par la mutualisation de certaines opérations (recours à un architecte, groupement de commandes, voire aménagement d'un local commun). De quoi occuper encore plusieurs années. "Bâtir un quartier, avec toutes les études requises et la charge administrative qui s'accroît, demande du temps, expose Aline Devinck, de la SEM Territoires Soixante-deux. Mais ce rythme mesuré permet aussi de surmonter les aléas, de rattraper les coups, et de rester dans la ligne voulue par la Ville".

FICHE IDENTITÉ

Ecoquartier du 4/5 sud - 62680 Méricourt

Contact : Sophie Mollet - T : 03.21.69.26.43 sophie.mollet@mairie-mericourt.fr
Début d'aménagement : 2009 - Fin de concession : 2022.
Autorité créatrice de la ZAC et concédante de l'aménagement : Ville de Méricourt
Maître d'ouvrage de la ZAC, aménageur : SEM Territoires Soixante-deux
AMO : Mission Bassin Minier
Architecte-urbaniste conseil : Atelier d'architecture écologique (Jérôme Houyez)
Groupement de maîtrise d’œuvre : Agence Odile Guerrier et Bérim
Labels :

Lauréat de l'appel à projets "Quartier démonstrateur bas carbone" du FEDER

Partenaires : Etat, Région, FEDER, Ademe
Ressources : Site de la marie de Mericourt

    Objectifs de développement durable

  • 10. Réduction des inégalités
  • 11. Villes et communautés durables
  • 17. Partenariats pour la réalisation des objectifs
  • 9. Industrie, innovation et infrastructure

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