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Mis à jour le 30 novembre 2016

Rencontre avec Christophe Bogaert, responsable Pôle produits et Consommation de l’ADEME.

Analyse de l’initiative

Depuis le 1er juillet 2011, plus de cent soixante entreprises en France, dont une dizaine en région Nord-Pas de Calais, testent l’affichage environnemental de leurs produits. L’ADEME et la Région Nord-Pas de Calais accompagnent cette expérimentation par des actions de sensibilisation et d’information.

Dans les rayons et les sites Internet de Vertbaudet, Auchan, Leroy Merlin et d’autres entreprises de la région, les produits en rayon ou sur Internet sont accompagnés d’un nouvel affichage, qui indique leurs impacts écologiques sur le climat, l’eau, l’air ou encore la biodiversité.

Un test grandeur nature d’au moins un an

Les douze distributeurs régionaux participent à une expérimentation. Car avant de généraliser l’affichage environnemental, le ministère de l’Environnement et du Développement durable a souhaité tester en grandeur nature, pendant au moins un an, les conditions de faisabilité de ce dispositif d’information auprès du consommateur. L’exercice est en effet extrêmement complexe, comme l’explique Christophe Bogaert de l’ADEME : « il nécessite non seulement de trouver un format d’étiquette commun à tous les produits, mais aussi une méthode de calcul des impacts. Il faut également mettre les producteurs d’accord sur les indicateurs à prendre en compte, avoir une base de données disponible et être en mesure de retranscrire ces informations simplement aux consommateurs ».

Deux centres E. Leclerc ont avancé en éclaireurs sur l’affichage carbone

Un premier essai d’affichage partiel, centré sur les émissions de CO2, a servi de base de travail. Dès 2008, les centres E. Leclerc de Templeuve et Wattrelos avaient en effet affiché le bilan carbone de plus de 20 000 produits, soit la quasi-totalité de leur rayon alimentaire. Leur directeur, Thomas Pochet, souhaitait ainsi informer le consommateur de l’impact sur les émissions de gaz à effet de serre. Cette opération, qui a reçu l’aide de l’ADEME et de la Région Nord-Pas de Calais, a aidé à la construction d’une méthodologie d’affichage environnementale commune à tous les acteurs de l’agroalimentaire.

Prendre en compte tout le cycle de vie des produits

Issu du Grenelle de l’environnement et de l’expérimentation menée par les deux centres E. Leclerc, l’affichage environnemental des produits de grande consommation à deux objectifs : permettre aux consommateurs d’acheter en fonction de critères environnementaux et inciter les entreprises à améliorer la conception de leurs produits. Facteur de progrès, l’affichage environnemental doit tirer le marché vers le haut et inciter les entreprises à éco-concevoir leurs produits.

Les critères pris en compte portent sur l’ensemble du cycle de vie du produit, de sa fabrication à son recyclage, en passant par sa distribution et son utilisation. Les plus fréquemment repris sont l’augmentation de l’effet de serre, l’épuisement des ressources minérales et fossiles non renouvelables, la consommation d’eau ou l’eutrophisation des eaux. Cette démarche est complémentaire aux obligations règlementaires déjà existantes en matière d’affichage - étiquettes énergie, émissions de CO2, etc. – de normes sanitaires, de certifications et labels de production.

Une approche multicritères

L’expérimentation souhaitée par le ministère doit surtout permettre de passer d’une approche monocritère essentiellement centrée sur la lutte contre le changement climatique (consommation d’énergie et émissions de gaz à effet de serre), appelé « affichage carbone, à une approche multicritères. Pour comparer l’empreinte écologique des produits, il est en effet nécessaire d’intégrer des informations concernant leurs impacts sur la biodiversité, l’eau, les matières premières non renouvelables...

De juillet 2011 à juillet 2012, les entreprises engagées dans l’expérimentation ont pu créer le format d’affichage de leur choix. En revanche, les contenus des affichages est issu d’une même méthodologie et informe sur les valeurs des indicateurs environnementaux choisis : des grammes équivalents en CO2 pour indiquer la contribution à l’effet de serre, des m3 d’eau pour informer sur la contribution à l’épuisement des ressources en eau…

Un peu d’explications…

La Région Nord-Pas de Calais et l’ADEME accompagnent cette expérimentation, avec la plateforme [Avnir] portée par le Cd2e, qui aide les entreprises à intégrer l’analyse du cycle de vie (ACV) dans leur stratégie. Leur première action consiste à informer et sensibiliser l’ensemble des acteurs sur les enjeux et les expérimentations engagées dans la région : le grand public, les distributeurs et les producteurs.

Les partenaires ont notamment édité un guide pratique pour expliquer ce qu’est l’affichage environnemental, pourquoi il est mis en place et comment concrètement on évalue les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service. Ce guide a reçu le concours d’onze entreprises régionales, qui participent à l’expérimentation : VertBaudet, Sourcing Création, Boulanger, Auchan, Pocheco, Saint Amand, Oxylane, 3 Suisses, IDS, Bonduelle et Leroy Merlin. Dans le guide, ces entreprises expliquent la famille de produits qu’elles ont choisi d’analyser, les critères retenus ainsi que la méthodologie de calcul des impacts.

D’autres outils d’information ont été créés, notamment une page Facebook (www.facebook.com/AffichageEnvironne...) sur laquelle on trouve toutes les informations disponibles sur l’expérimentation et l’affichage environnemental, mises à jour par la plateforme [Avnir]. Les entreprises ont aussi chacune développé des outils au sein de leurs différentes structures. Par exemple, VertBaudet envisage d’intégrer les étiquettes dans son catalogue et Boulanger sur son site Internet.

Analyse du cycle de vie : bientôt une base de données publique

Au-delà de la communication, la Région et l’ADEME développent des outils simplifiés pour que les producteurs de biens et de services développent l’ACV et entreprennent des démarches d’éco-conception. L’ADEME travaille notamment à l’élaboration d’une base de données publique contenant des données génériques d’ACV. Elle sera mise à la disposition des entreprises, en ligne, pour leur permettre de calculer leurs indicateurs à la fois issus d’informations génériques et des données spécifiques à chaque entreprise. L’ADEME et l’AFNOR construisent par ailleurs depuis 2008 des indicateurs pertinents pour chaque catégorie de produits ainsi qu’une méthodologie générale de calcul d’impacts.

LA France et le Nord-Pas de Calais, moteurs de l’affichage environnemental

La région Nord-Pas de Calais est l’une des régions pionnières de l’affichage environnemental et la France aujourd’hui le seul pays à expérimenter une approche multicritères. Si l’affichage environnemental est adopté par le Sénat, les premières étiquettes se généraliseront partout. Le format commun à tous les produits sera le fruit des expérimentations et réflexions menées durant les années 2011 et 2012. La France pourrait bien alors inspirer ses voisins européens et peut-être même au-delà.

Fiche d’identité :

  • Contact : Christophe Bogaert, responsable pôle produits et consommation au 03 27 95 71 97
  • Date de lancement de l’opération : juin 2011
  • Durée de l’opération : 2 ans
  • Montant de l’opération : 40 000 €TTC
  • Financement : Taux de prise en charge FRAMEE (Région-Ademe) : 100%
  • Nom de la structure ADEME / Région Nord-pas de Calais

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