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Mis à jour le 12 octobre 2023

Bâtiment étanche à l'air, double chaudière biomasse alimentée au miscanthus produit sur place, récupération des eaux de pluie, ballon d'eau chaude réchauffé au glycol, éolienne, microstation d'épuration... Les ateliers de l'ESAT ADAPEI d'Allaines n'auraient pas pu naître s'ils n'avaient pas été aussi écologiques qu'économiques !

 

Il n'y a pas eu le choix ! Plus qu'une volonté écologique affirmée, la stratégie d'économie d'énergie et de protection de l'environnement s'est imposée à l'établissement et service d'aide par le travail (ESAT) d'Allaines, Association Départementale des Amis et Parents d'Enfants Inadaptés (ADAPEI) près de Péronne dans la Somme. Car en 2009, son nouveau terrain d'implantation ne disposait que d'eau, sans assainissement, ni gaz, ni électricité... Il a donc fallu faire preuve d'imagination pour faire tourner cette belle structure, à des coûts les plus bas possibles.

L’ESAT est agréé depuis 1972. Il a deux antennes, l'une à Albert et l’autre dans la périphérie de Péronne, à Allaines. Elles couvrent chacune un secteur d'environ 10 000 habitant·es et accueillent des travailleur·euses avec un handicap intellectuel ou psychique. Leurs activités sont diverses : blanchisserie, imprimerie, mise sous pli, conditionnement, assemblage, mécanique, espaces verts, restauration...

À l'origine, l'antenne d'Allaines était installée dans une maison de maître d'un petit village voisin, Moislains. Coincée entre une école maternelle et l'église du village, avec la route au milieu, il lui était impossible de s'y développer. Il a donc fallu trouver un terrain dans le même secteur, car les places en ESAT sont rares. Certain·es salarié·es étant acheminé·es en navette, impossible de s'éloigner !

Un (trop) grand terrain : l’opportunité de se chauffer autrement

Le choix s'est finalement porté sur un terrain dans le bourg voisin, Allaines. « Un lot indivisible de 5,5 hectares, raconte Arnaud Dheilly, directeur technique, alors que nous n'avions besoin que d'1,5 hectare... » Finalement la vaste superficie s'est révélée utile. En effet, le bâtiment de 5000 m², inauguré en 2012, est chauffé par deux chaudières de 200 kW chacune, avec un combustible encore assez méconnu : le miscanthus, ou roseau de Chine. C'est une graminée au rendement très intéressant qui peut atteindre 3m de haut. « Nous avons découvert son existence sur un salon, explique Arnaud Dheilly, c'était encore tout nouveau. D'ailleurs, personne ne pouvait nous aider précisément sur les volumes qui allaient nous être nécessaires. Ensuite il nous a fallu trouver un installateur. On a navigué à vue ! ».

ESAT Allaines, directeur Arnaud Dheilly © V. Bourfe-Rivière
Arnaud Dheilly nous montre le miscanthus séché et broyé, stocké dans un hangar ouvert de 500m2. © V. Bourfe-Rivière

Heureusement, l'ESAT a pu planter du miscanthus sur les 4 hectares de terrain qui lui restaient ! Cette super plante nécessite peu de fertilisant et pas d'intervention phytosanitaire. Il s'agit d'une culture pérenne, qui produit durant 15 à 20 ans. Elle permet en plus de lutter contre l'érosion et le ruissellement, joue un rôle de filtre à nitrate et couvre le sol toute l'année. « Nous la faisons faucher une fois par an, en mars, explique le directeur technique, ensuite il suffit de la broyer et la stocker sous abri ventilé. Il faut cependant savoir que le miscanthus produit au bout de deux ans. Il nous a fallu anticiper la première plantation avant d'avoir notre première récolte, et de la laisser sécher. Ensuite, tout a fonctionné comme prévu, et nous sommes totalement autonomes ». L'ESAT utilise aussi les tailles d'élagage de son service espaces verts pour alimenter la chaudière.

Le broyat est stocké juste à côté de la chaufferie, dans un hangar couvert de 500 m². Il est apporté sur des tapis roulants dans deux silos situés à l'arrière des chaudières. La cendre finale s’ajoute aux autres résidus organiques et peut être compostée pour constituer un engrais naturel... qui sera répandu sur le champ de miscanthus. La durée de vie de ces installations, financées par l'ADEME à hauteur de 220 000€, n'est pas encore connue, mais « pour l'instant, ça tient ! », sourit Arnaud Dheilly.

De l’énergie produite en interne

Et après ? Selon les bâtiments et leur usage, la chaleur se diffuse par des radiants classiques, soufflants, ou bien du plancher chauffant. La blanchisserie gère le linge de divers hôpitaux et maisons de retraites environnantes. Comme elle tourne beaucoup, elle est équipée d'un système de rafraîchissement adiabatique, c’est-à-dire isolé de son environnement, de sorte qu’il n’y ait pas d’échange de chaleur avec l’extérieur. L’appareil aspire l’air chaud de la pièce, lequel entre alors en contact avec un échangeur humide. En s’évaporant, l’eau récupère les calories de la chaleur et l’air se refroidit avant d’être soufflé dans la pièce. « Contrairement à une climatisation classique, ce n'est pas énergivore, il n'y a pas de gaz et cela ne dessèche pas l'air », se félicite le directeur technique.

Afin d'alimenter en électricité les frigos ou les alarmes durant les heures creuses, le soir et le week-end, une éolienne a été installée à l'arrière du site. Il s'agit d'un investissement de 70 000€, entièrement subventionné par l'ADEME.

L'eau, recyclée, récupérée, retraitée : une valorisation du petit cycle de l’eau

Bien que le site, accueillant près de 200 travailleur·euses, soit connecté au réseau d'adduction d'eau, les toilettes fonctionnent avec de l'eau de pluie récupérée dans une citerne de 100 m3.  « Ce n'est possible que lorsqu'il s'agit d'une construction neuve, commente Arnaud Dheilly, et cela permet des économies très appréciables ». 70% des eaux utilisées en blanchisserie sont recyclées en interne. Les eaux sales sont retraitées dans une micro-station d'épuration avec des boues actives.

Sur les toits, des panneaux solaires très spécifiques : ce sont des tubes de verre contenant du glycol. Ils réagissent aux UV lorsqu'il y a du soleil et permettent de réchauffer l'eau des ballons, notamment l'été lorsque les chaudières sont coupées. Les bâtiments basse consommation et à haute performance énergétique ont bien sûr été isolés : « Ils sont totalement étanches à l'air, comme s'ils étaient dans une immense chaussette ! », explique le directeur technique.

Des innovations techniques en faveur des salarié·es

Plus récemment a été créée une entreprise adaptée pour 45 salarié·es avec une reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapés (RQTH), chargé·es par exemple de conduire les véhicules utilisés pour les navettes matin et soir, ou les livraisons. « Nous sommes une association qui n'a pas vocation à faire des bénéfices, tout ce que nous gagnons nous le réinvestissons pour le confort de nos salarié·es. Ce bâtiment nous a coûté 6,5 millions d'euros, on aurait dû le faire de toute façon. Les subventions de l'ADEME ont évidemment été bienvenues ! » L'utilisation d'énergies renouvelables permet d'en diminuer considérablement les coûts d'exploitation.

La conception du bâtiment permet un confort de travail très appréciable. Le projet de cet établissement, s'il se mène dans une démarche de performance et d'innovation, est avant tout humain. Il permet à ses salarié·es en situation de handicap d'exercer une activité professionnelle épanouissante, socialisante, dans un milieu protégé... et protecteur de l'environnement !

Pour aller plus loin

Le projet en bref

L'ESAT ADAPEI 80 Albert/Allaines fait partie du réseau des Papillons Blancs

Contact : Xavier Morel, directeur, esat.peronne.direction@adapei80.org

Tél. : 03.22.84.06.63

1 ruelle d'Aizecourt 80200 Allaines

https://www.adapei80.org/esat

L'ESAT accueille les habitant·es du secteur de Péronne qui lui sont adressé·es par la Maison Départementale des Personnes Handicapées.

Ses clients sont des entreprises du secteur, ou des particuliers.

Le projet en bref

L'ESAT ADAPEI 80 Albert/Allaines fait partie du réseau des Papillons Blancs

1 ruelle d'Aizecourt 80200 Allaines

https://www.adapei80.org/esat/

L'ESAT accueille les habitant·es du secteur de Péronne qui lui sont adressé·es par la Maison Départementale des Personnes Handicapées.

Ses clients sont des entreprises du secteur, ou des particuliers.

    Objectifs de développement durable

  • 11. Villes et communautés durables
  • 13. Lutte contre le changement climatique
  • 3. Bonne santé et bien-être
  • 7. Énergie propre et d'un coût abordable

Contact

Contact : Xavier Morel, directeur, esat.peronne.direction@adapei80.org

Tél. : 03.22.84.06.63

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