L'agriculture a un rôle prépondérant à jouer dans la lutte contre le changement climatique
Alors que le GIEC vient de produire un rapport spécial sur les liens entre préservation des sols et
changement climatique, Emmanuel Leveugle, élu à la Chambre d’Agriculture régionale Hauts-de-France, rappelait en plénière d’ouverture du Climatour : « L’agriculture produit des gaz à effet de serre et des particules, mais elle est aussi contributrice pour limiter le changement climatique. » Pris
ensemble, l’agriculture, la foresterie et le changement d’utilisation des terres comptent pour au moins un cinquième du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). En réduisant ses consommations d’énergie et de produits phytosanitaires à forte empreinte carbone, l’agriculture peut réduire sa contribution au bilan des émissions régionales dont elle représente actuellement 15 % (avec la sylviculture).
De même, parce qu’il agit directement sur les sols et l’aménagement des espaces, le secteur agricole peut contribuer considérablement à la fixation de carbone, levier essentiel d’action pour lutter contre le changement climatique.
Considérant que le réchauffement planétaire est engagé et déjà sensible dans nos régions, l’agriculture peut également agir pour s’adapter à cette situation et réduire ses vulnérabilités en faisant évoluer ses pratiques tout en maintenant rendement et compétitivité. Des sécheresses de plus en plus fortes et fréquentes aux fortes pluies hivernales qui entraînent inondations et coulées de boues régulières, les agriculteurs doivent trouver des solutions à la croissance inéluctable de ces risques.
L'agroforesterie renforce la résilience des exploitations agricoles
L'agroforesterie propose des réponses. En associant sur une même parcelle arbres et cultures, elle
contribue à la régénération des sols, au retour de la biodiversité, tout en produisant de la biomasse et donc du stockage de carbone. L'accueil d'auxiliaires de cultures dans les haies peut permettre de réduire les apports de pesticides. Mais c'est aussi une mesure qui apporte de l'ombre, protège du vent, réduit l'érosion des sols,... bref contribue à l'adaptation du système agricole et des territoires ruraux au changement climatique.
L’agroforesterie peut s’adapter à de très nombreux systèmes d’exploitation : maraîchage, vigne, grandes cultures... Les expérimentations de l’Inra avec la participation d'agriculteurs ont montré que les systèmes agroforestiers maintiennent un revenu annuel grâce aux cultures et constituent un capital de valeur avec les arbres.
Arbres ou arbustes... isolés, alignés, en haie, en bosquet, en talus... en bordure de parcelle ou intraparcellaire... L’agroforesterie peut prendre de multiples formes dépendant du niveau d’intégration des éléments arborés au sein du système agricole et du type de production agricole associée. Il y a bien « des agroforesteries », ce qui a été le coeur des propos de David Grandgirard, enseignant-chercheur à UniLaSalle. Il invite les territoires et leurs agriculteurs à s’interroger sur leur capacité de stockage d’ici 20 ans, en croisant les enjeux des sols, de l’eau, de l’air ou encore de la biodiversité.
Régis Wartelle, Chef de projet Paysage et Biodiversité à la Chambre régionale d’Agriculture, soulignait
pour sa part l’importance de l’accompagnement aux agriculteurs dans leur démarche d’agroforesterie dans toutes les étapes d’engagement : montage, conseils, sensibilisation, communication. Dans les Hauts-de-France, le réseau REUNIR-AF prend en charge les liens entre les politiques publiques et les acteurs locaux.