Face aux changements du climat et au risque inondation : quelles solutions dans les territoires ?
Limiter l'urbanisation pour ne plus subir les crues
Pour Pascale Poupinot, directrice de l’Agence d’Urbanisme Oise-les-Vallées, il est essentiel « d’anticiper et réguler les crues, mais aussi travailler à adapter l’aménagement des villes ».
En milieu urbain, où l’enjeu est fort, le risque vient notamment de l’imperméabilisation des sols, qui empêchent l’eau de s’infiltrer, et de la saturation des réseaux souterrains par l’apport trop important d’eau pluviale.
La priorité est de ne pas augmenter les enjeux en zone inondable, en limitant l’urbanisation et les
activités économiques dans ces espaces. Les documents d’urbanisme doivent faire l’objet d’une
meilleure prise en compte des questions de l’eau. L’Agence d’Urbanisme Oise-les-Vallées travaille sur
cette question dans le cadre du projet européen STAR2Cs. Il s’agit également de gérer les eaux pluviales de manière alternative, et infiltrant chaque goutte d’eau au plus près de son point de chute, et de désimperméabiliser les sols.
C’est en accompagnant ce rôle de « sol éponge », absorbant le surplus d’eau et le restituant en
périodes de tension, que l’on accroît ainsi la résilience du territoires face aux inondations et au
changement climatique.
Ralentir et infiltrer pour réduire l'ampleur des crues
Selon Mélissa Magoutier, de l’Agence de l’Eau Seine Normandie, « la solution passe par le
ralentissement et l’infiltration de l’eau à la source. Il s’agit d’actions de bon sens, de restaurer les
milieux naturels. »
En milieu rural, il s’agit de restaurer le lit naturel des rivières, leurs méandres, et les zones d’expansion des crues, de préserver et restaurer les zones humides, limiter les ruissellements sur les secteurs agricoles grâce à l’hydraulique douce (haies, fascines, bandes enherbées,...). Ces solutions s’appuient sur le fonctionnement des milieux naturels pour prévenir et réguler les crues.
Les prairies de fauche du trou Boully au Plessis-Brion que nous avons visitées en sont un exemple :
gérées par le Conservatoire d’Espaces Naturels de Picardie sur le territoire de la Communauté de
Communes des deux Vallées, ces prairies sont entretenues par des agriculteur·ices biologiques et en
filières courtes. Lors des crues de l’Oise, ces espaces préservés de l’artificialisation permettent à
la rivière de s’étendre librement et sont inondés. Ils servent ainsi de zone tampon entre les zones à
fort enjeu (les bourgs) et l’expansion de la rivière, ralentissent l’écoulement de l’eau et permettent son infiltration. Cerise sur le gâteau : en se retirant, la rivière laisse derrière elle des limons particulièrement fertiles.
Protéger les enjeux et développer la culture du risque
Sur certains sites, laisser s’exprimer l’aléa de la rivière n’est pas possible. Il convient donc d’aménager des ouvrages permettant de protéger les enjeux et de réduire le risque inondation. C’est le cas de l’ouvrage d’écrêtement des crues de Longueil-Sainte-Marie, réalisé et géré par l’Entente Oise-Aisne.
« Ce type d’ouvrage, inventé dans la ville de Longueil, comme se plaît à le rappeler Stanislas
Barthélémy, Maire de Longueil-Sainte-Marie, profite des particularités géologiques du territoire pour
prévenir et atténuer les crues. » Cet ouvrage permet, grâce à un système de vannes et de déversoirs, de stocker les eaux de crues dans des casiers à proximité, permettant ainsi de réguler la crue et de préserver le lit mineur de la rivière et les enjeux situés à proximité. Ce dispositif bénéficie ainsi à 54 communes du territoires en abaissant les hauteurs de crue.
Dans le cadre de la réalisation de ces aménagements, l’Entente Oise-Aisne a acquis 3 anciennes gravières sur la commune de Pont-Sainte-Maxence. Ce site est progressivement devenu un lieu privilégié pour l’accueil des oiseaux migrateurs. La Réserve de l’Ois’eau est ainsi un lieu de préservation et de sensibilisation à la biodiversité, mais également au fonctionnement hydraulique du territoire.
Cette notion de sensibilisation et de culture du risque est chère à l’Entente Oise-Aisne et à l’Agence
d’Urbanisme Oise-les-Vallées, qui mènent des actions autour de la connaissance et de la compréhension du risque inondation. Par exemple, la pose de repères de crue, témoins historiques des grandes crues passées, sont des marques destinées à faire vivre la mémoire des inondations. Ils matérialisent le souvenir de ces événements importants que le temps ou le traumatisme peuvent parfois biaiser.