Mis à jour le 29 septembre 2020

Village de 1 600 habitants dans les années 50 devenue ville industrielle dans les années 60, Grande-Synthe qui compte actuellement 23 600 habitants, s'est engagée de manière volontariste dans une démarche de "ville en transition" en référence au mouvement international lancé par Rob Hopkins. La municipalité aspire ainsi à renforcer la résilience de son territoire face aux crises énergétiques et écologiques, aux mutations économiques, et à mettre au coeur des préoccupations  de la politique locale le bien-être des habitants, le bien-vivre ensemble et la préservation de l'environnement.

Confrontée à un chômage de masse important (24 % dont près de 40 % sont des jeunes de moins de 25 ans), et à la grande précarité des habitants (31 % vivent sous le seuil de pauvreté), la ville cherche a apporté des réponses renouvelées au mieux être : réintroduction de la nature en ville, gestion écologique de la ville (zéro phyto), développement d'espaces nourriciers, 100% bio dans les cantines, rénovation des quartiers, logements à énergie positive

Aujourd'hui, la ville renforce son projet sur une stratégie alimentation au plus proche des habitants et de leurs besoins.

Espaces à vocations naturelles et nourricières pour un mieux vivre

Pour lutter contre les difficultés sociales, quelles pourraient – être la première démarche ? Le choix de la commune a été de contribuer à l'amélioration du cadre et de la qualité de vie des habitants. C'est par la mise en œuvre d'une politique de nature en ville que le projet de développement durable a pris son essor. En 2010, la commune reçoit le premier titre de Capitale européenne de la biodiversité. Cette distinction est la reconnaissance de plusieurs décennies d'intervention en faveur de la nature en ville : généralisation de la gestion différenciée (dont la ville est précurseur en France), création d'un corridor boisé, développement de vergers pédagogiques, puis des arbres en fruitiers, de jardins familiaux… entre la nature et l'alimentation, il n'y a qu'un PAS.

systeme alimentaire grande-synthe

© Grande-Synthe

UnE ambition forte : renforcer l'autonomie alimentaire de la population... et de la commune

L'autonomie alimentaire fait partie de cette ambition. L'université populaire, outils au service de la population, accompagne et crée des projets « avec et pour » les habitants :

  • Des jardins au pieds d'immeuble avec des ateliers jardinage (6 jardins, de 1000 à 1500 m2),
  • Une banque de semences potagères (plus de 160 variétés) afin que les jardiniers amateurs échangent leurs semences et diminuent leur coût,
  • Une cartographie des arbres fruitiers, plantations de 500 arbres…
  • les ateliers du faire soi-même : faire ses produits d'entretiens écologiques, faire son composte...

jardin partagé grande-synthe

© Grande-Synthe

Ces actions sont accompagnées d'animation d'ateliers pédagogiques qui proposent une pratique de jardinage accessible au plus grand nombre. Les objectifs sont de montrer qu'on peut faire soi-même, il n'est pas si difficile de faire pousser des radis, échanger des pratiques…

L'université populaire anime également un Conseil de Politique Alimentaire dont l'objectif est de créer des lieux d'échange et des synergies susceptibles d'améliorer le système alimentaire local. Fruits de cette dynamique collective, des projets d'habitants et associatifs émergent comme la constitution d'un groupement d'achat. Le Conseil a favorisé par ailleurs la mise en œuvre du 100% bio dans les cantines. Des groupes de travail ont réuni les professionnels (services municipaux, experts...) pour avancer sur les différents points de blocages : le code des marchés publics, l'organisation de la collectivité, le bio local : comment l'envisager ?….

Une Transition écologique et alimentaire

Ces échanges pour améliorer le système alimentaire locale ont fait naitre des questions fondamentales pour passer à l'étape supérieure :

  • Y a t-il une filière locale pour répondre aux 100 % bio dans les cantines ? Ne serait-elle pas pourvoyeuse d'emplois locaux ?
  • Quels sont les espaces agricoles disponibles ? Comment les préserver ?

Ce sont également des questions d'anticipation que pose cette commune proche de la mer et installée sur des polders :

  • A quelles vulnérabilités, devons-nous faire face ? Quelles ampleur et conséquences pour le territoire ? Submersion marine, inondations des terres …
  • Quels sont les outils et moyens à notre disposition ?
  • Quels sont les expérimentations à déployer ?

Au-delà de changer de pratique agricole et de proposer des projets opérationnels, type ferme urbaine multi-service (cf encart), il est impératif pour une commune de changer d'échelle pour inter-agir sur l'aménagement et le SCOT, saisir des opportunités de masse pour calibrer les filières et ainsi faire évoluer les pratiques agricoles, articuler les complémentarités … A toute fin, « de ménager et aménager le territoire pour une transition et une adaptation au changement climatique ». Jean-Christophe Lipovac, conseiller technique développement durable, ville en transition, cabinet de Damien Carême, Maire de Grande-Synthe.

« Le rôle d'un développeur jouant un rôle d'inter-médiateur entre la commune, l'inter-communalité, les structures locales et les professionnels de l'alimentation est crucial pour mener au mieux un projet de système alimentaire durable territorialisé. » conclut Jean-Christophe Lipovac.

marché grande-synthe

© Grande-Synthe

Encart : Une Ferme Urbaine multi-fonction

La commune propose sur une 20ha de réaliser un projet en mesure de répondre aux différentes besoins locaux en terme d'alimentation. Ce projet en cours d'élaboration propose 3 fonctions à cette future ferme :

  • Une fonction de production maraîchère en bio à écouler dans les cantines, les marchés locaux…
  • Une fonction éducative pour les scolaires et le grand-public « de la fourche à la fourchette »
  • Une fonction de formation et d'appui à la création d'activité agricoles et maraichères bio en milieu urbain. Sorte de parcours à la création d'activités et d'emplois sous une forme qui restent à définir, et dans le cadre de partenariat en cours de construction avec les professionnels locaux, tels que le lycée agricole, la ferme des des jésuites (entreprise d'insertion en maraichage bio sur la ville de Grande-Synthe).

Ce qu'il faut retenir :

  • Véritable appréhension de la transversalité et de la combinaison des enjeux (une réponse écologique à des enjeux sociaux).
  • Des expérimentations et des innovations plurielles (sociales, écologiques, économiques) pour répondre aux besoins des habitants impliquent dans certains cas d'inventer et de créer sa propre solution.
  • Une ambition claire qui facilite la mise en œuvre de projets concrets
  • Se doter d'outils d'éducation populaire orientés sur le faire/l'action, et travaillant dans l'hyper-proximité : tel que l'Université Populaire de Grande-Synthe
  • Les ingrédients de la Transition à Grande-Synthe : identifier les ressources locales et les potentialités/ singularités du territoire. Autant de supports à la relocation de l'économie ! Combiner à la fois actions de court terme et logique de prospective/ d'anticipation à plus long terme.

Contact

Jean-Christophe Lipovac, conseiller technique développement durable, ville en transition, cabinet de Damien Carême, Maire de Grande-Synthe.

E-mail : jc.lipovac@ville-grande-synthe.fr

Téléphone : + 33 (0)3 28 62 77 81

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