Bako Consigne : la boîte qui réemploie les boîtes !

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  • récit
  • Mise à jour le April 16, 2025
  • Création le April 15, 2025
  • Lille

Près de 4 millions de tonnes d’emballages ont été collectées en France en 2021. Une grande partie de ces déchets pourrait être évitée grâce à la mise en place de solutions de réemploi telle que la consigne. Comment passer le pas ? L’entreprise Bako Consigne, située à Lille, accompagne les collectivités et entreprises locales dans cette transition.

Le projet en bref

Objectifs de développement durable

  • 8. Travail décent et croissance économique
  • 9. Industrie, innovation et infrastructure
  • 12. Consommation et production responsables

# Sur les mêmes sujets

  • #consommation
  • #circuit court
  • #réemploi
  • #déchets

En 2021, rien que dans les Hauts-de-France, près de 3 700 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés (DMA) ont été collectés par le service public de gestion des déchets (SGPD). Cela représente 619 kilogrammes par habitant·e (kg/hab), dont 64 kg (10%) sont des emballages, principalement alimentaires. Des emballages qu’il faut collecter, trier par matériau et transporter avant de les recycler (si une filière existe) ou de les éliminer (par incinération ou enfouissement). Jeter un emballage alimentaire est devenu un geste banal mais ses conséquences sont peu visibles des consommateur·rices

Pour lutter contre cette situation, la loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire) a fixé, à l’échelle nationale, des objectifs de diminution des DMA. Concernant les déchets d’emballages, on peut retenir : la fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040, l’obligation de favoriser le vrac pour réduire les emballages ou encore le déploiement du réemploi

Classiquement associée au réemploi, la consigne apparaît comme une solution de « bon sens » pour limiter les déchets. La pratique est simple : plutôt que d’acheter des emballages jetables, on conserve le contenant de notre produit et on le retourne dans l’enseigne dédiée afin qu’il soit réemployé.

Pour que la consigne fonctionne et se développe, les besoins des producteur·rices (emballage propre…), des distributeur·rices (gestion de la consigne et de la collecte…) et des consommateur·rices (coût, facilité de retour du contenant…) doivent être alignés. C’est la mission que s’est donnée l’entreprise Bako Consigne, qui  accompagne des professionnel·les de la restauration en Hauts-de-France qui souhaitent réduire leur utilisation d’ emballages à usage unique. 

Un bon déchet est un déchet non produit ! 

Pour Caroline Villandre, créatrice et gérante de Bako Consigne, travailler dans le secteur du réemploi était une évidence : « Avant d’arriver sur du tri, du recyclage et de la valorisation, je voulais travailler sur la façon d’éviter le déchet en amont en réemployant un objet plusieurs fois avant de jeter. Cela m’a paru une évidence dans le domaine de l’alimentation : quel est l’intérêt de créer une bouteille ou un bocal en verre, pour y mettre un contenu dedans, le mettre à la poubelle et finalement refabriquer la même bouteille ou bocal ? Cela ne faisait pas vraiment sens. Il suffit de laver une bouteille pour qu'elle soit remise en circulation et réutilisée plusieurs fois… »

En 2021 elle lance donc son entreprise, Bako Consigne, et met en place un accompagnement à différents niveaux : 

  • Aide au choix de contenants, référencement de solutions opérationnelles de traçabilité, de paiement, de gestion de la consigne / déconsigne, de meuble de récupération, avec une mise en relation avec des prestataires spécialisés ;
  • Mise en place de boucles de réemploi locales, en optimisant et mutualisant les flux, le tout avec une logistique décarbonée, et avec des prestataires logistiques locaux (livraison, collecte, lavage) ;
  • Réalisation de supports pédagogiques et de communication, de cahier des charges, de formation des équipes, de sensibilisation des utilisateurs·rices / consommateurs·rices, d’animations de terrain au lancement, de parcours utilisateur dédiés… 

Une initiative profitable et durable

Sur le plan écologique, la réutilisation des contenants est plus que vertueuse : on limite la masse d’emballages jetés, l’extraction de ressources pour la production et le recyclage, le transport des contenants à usage unique ou encore  leur traitement en tant que déchet. « Dans la démarche zéro déchet, on dit toujours “Le meilleur déchet, c’est celui que l’on ne produit pas !” », rappelle Caroline Villandre. Selon WWF France (source : « Le plastique, ça n’emballe plus ? »), utiliser une bouteille consignée plutôt qu’une bouteille en plastique permettrait d’éviter 292 000 tonnes de CO2 rejetés dans l’atmosphère en France sur un an, soit une baisse de 26% des émissions de GES. 

La consigne permet également de promouvoir une économie circulaire, locale, et de favoriser les circuits courts et l’échange social. Pour les marques, c’est une manière de valoriser leur dynamique Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) en sensibilisant leurs client·es à un mode de consommation plus responsable.

Le passage au réemploi et à la consigne peut également être une opportunité économique. L’achat de contenants réutilisables devient un investissement pour l’entreprise et non un consommable comme les emballages jetables. Ce choix permet aussi de faire diminuer l’éco-contribution auquel les entreprises sont soumises dans le cadre de la filière à responsabilité élargie du producteur (REP). 

Par ailleurs, pour les distributeur·rices, le réemploi permet de réduire les volumes de déchets produits et donc les coûts de traitement des déchets associés. 

Une dynamique partenariale qui s’étend !

Bako Consigne est signataire de la charte d’engagement pour la restauration livrée et à emporter avec le ministère de la Transition Écologique, a établi des contrats avec des collectivités (Métropole européenne de Lille, Roubaix…), est membre de réseaux associatifs comme le réseau Vrac et Réemploi ou Zero Waste France…

L’entreprise a également établi des partenariats avec rev3, la dynamique régionale lancée par la Région Hauts-de-France et la Chambre de commerce et d’industries pour promouvoir le développement durable. Au total, ce sont près de 50 partenaires en Hauts-de-France qui connaissent, soutiennent et contribuent au développement de Bako Consigne. 

Deux personnes se passant une caisse de contenants réutilisables
Une logique partenariale entre Bako Consigne et les Partisans du Goût © Bako Consigne

Un exemple de consigne : l’accompagnement Bako Consigne chez les Partisans du goûts

L’un des exemples les plus parlants du succès de l’entreprise se trouve chez l’enseigne Les Partisans du goût, dans le Nord. Une épicerie fine, avec des options de traiteur : jusque-là, rien de dépaysant. Mais si vous vous attardez un peu, vous verrez certain·es client·es déposer des boîtes dans un étrange placard… Depuis 2024, certains plats préparés de l'enseigne sont proposés  dans des  plats en verre consignés, remplaçant  ainsi une barquette plastique jetable. Pour rendre la boîte, rien de plus simple : il suffit de scanner le contenant pour obtenir un bon d'achat à utiliser dans le magasin.

C’est Bako Consigne qui a accompagné ce projet : « Les Partisans du Goût sont venus nous voir à la suite d’une expérimentation qu’on avait déjà déployé dans un  supermarché Match, explique Caroline Villandre. Comme les enseignes de grande distribution se connaissent, d’autant plus sur notre territoire local, elles observent souvent les innovations qui se font ailleurs. Après un premier entretien, ils étaient vraiment intéressés par la partie “collecteur” qui évitait de gérer le retour des contenants en magasin par les vendeurs, et permettait de travailler avec un acteur local. On les a accompagnés dans le choix de contenants adaptés, effectué l’habillage des contenants, avec une charte graphique commune, créé des QR codes pour le retour, permettant une traçabilité et un suivi des données. On a également  proposé de l’animation en magasin au moment du lancement pour sensibiliser les consommateurs à cette nouvelle offre. C’est donc un service clé en main pour eux. »

Après la récupération, le plat est collecté, et envoyé chez une entreprise chargée de nettoyer les boîtes, lesquelles seront réutilisées quelques jours plus tard. Et ainsi commence un nouveau cycle !

La dynamique réemploi au national  

Pourrait-on imaginer un tel dispositif à l’échelle nationale ? Les emballages ménagers font l’objet d’une filière à responsabilité élargie des producteurs (REP). Construites sur le principe du « pollueur-payeur », les filières REP assignent au producteur la responsabilité de son produit sur l’ensemble du cycle de vie, y compris la gestion des déchets associés. Le plus souvent, cette responsabilité se traduit par le paiement d’une éco-contribution à un éco-organisme, lequel endosse la responsabilité de ces producteurs adhérents. Les éco-organismes sont les organes opérationnels des filières REP, leur action est régie par un cahier des charges dans lequel des objectifs de réduction, réutilisation, réemploi et recyclage sont fixés pour participer à l’atteinte des objectifs réglementaires.

Aujourd’hui, Bako Consigne a contribué à la démarche ReUse de l’éco-organisme CITEO visant la généralisation du réemploi à l’échelle nationale. En 2025, une première phase d’expérimentation sera lancée dans quatre régions, dont les Hauts-de-France, pour activer le déploiement du réemploi et de la consigne dans les grandes et moyennes surfaces alimentaires. Les premiers emballages arriveront en rayon vers le mois de mai. À vous de vous en saisir… et de les rapporter !