Les vidéos, ça plaît aux ados ! Mais pour en produire une, il faut d'abord bien comprendre son sujet, organiser ses idées, les mettre en forme... Un processus parfait pour s'intéresser au dérèglement climatique, imaginé par l'équipe d'Ombelliscience afin de sensibiliser des élèves, du CAP au BTS.

En 2017, l'agence régionale de culture scientifique et technique répond à l'appel à projet PEPS – parcours d'éducation, de pratique et de sensibilisation à la culture – de la Région Hauts-de-France. Et elle choisit la thématique du changement climatique.

Les établissements qui souhaitent voir la démarche se mettre en place entre leurs murs se portent candidats pour une de leur classe. Chaque année, seulement quatre sont retenus. Il peut s'agir de lycées d'enseignement général comme d'établissements beaucoup plus spécifiques (métiers d'art, formation aux écuries de course, agriculture, aquaculture, etc.) de la Somme, de l'Aisne, de l'Oise et du Pas-de-Calais. Le principe est toujours le même : l'animation se répartit en quatre séances de trois heures chacune, toutes coordonnées et animées par Bertrand Prévost, médiateur scientifique d'Ombelliscience, en présence des enseignant·es.

Une maquette interactive pour comprendre les effets du changement climatique

Tout commence par des échanges et réflexions en classe autour de la question du changement climatique, à l'aide notamment d'une maquette conçue par Ombelliscience et Cité Nature à Arras. Un outil interactif dans lequel plusieurs scénarii peuvent être entrés. Les élèves découvrent alors comment, selon les circonstances, les rivières de leur territoire pourraient évoluer, comment la faune et la flore changeraient et surtout, comment nos comportements peuvent influencer ces modifications. « Il s'agit d'un super outil, il rend les choses concrètes, commente Aurélie Fouré, chargée de communication d'Ombelliscience. Les jeunes imaginent des hypothèses et les vérifient sur la maquette ». Évidemment, le groupe échange aussi constamment avec son médiateur.

Un·e chercheur·euse au lycée

La seconde séance est l'occasion de recevoir un·e intervenant·e chercheur·euse, soigneusement choisi·e par Bertrand Prévost, en lien avec les spécificités de l'établissement. Deux organismes d'enseignement et de recherche sont notamment partenaires du dispositif. Le laboratoire Edysan – écologie et dynamique des systèmes anthropisés – est une unité de recherche du CNRS et de l'Université Picardie Jules Verne. Il s'intéresse aux changements dits globaux sur les écosystèmes et les agrosystèmes.
L’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), premier organisme de recherche spécialisé sur ces trois domaines scientifiques, est également partenaire du projet.

Des idées à la pelle

Lors de la troisième séance, les élèves travaillent en petits groupes. Ils et elles doivent se mettre d'accord sur leur sujet, et sur le story board de leur vidéo d'environ 3 minutes. Que dire ? Comment mettre en récit ? Quelle traduction concrète ?

Au campus agro-environnemental de Radinghem (62) les apprenti·es du BTS « Analyse et conduite des systèmes d'exploitation agricoles » semblaient au départ bien perplexes devant leur feuille de story board. C’était une première ! Par où prendre le problème ? Bertrand Prévost et leur professeur d'agroécologie, Matthieu Becue, les ont accompagné·es dans l'émergence et la mise en forme de leurs idées. Ainsi, dans le groupe d'Hugo et Romain, l'idée est vite venue : « Nous allons montrer un agriculteur devant un silo de maïs vide, qui va expliquer sa problématique pour nourrir ses animaux, à cause de la sécheresse, et qui doit trouver de nouvelles solutions. Il va rencontrer un conseiller pour semer des légumineuses ».

Clément, Axel et Arthur prévoyaient de juxtaposer ou d'entrecroiser des paroles d'agriculteur·rices de 1920, 1980, et 2020 qui allaient évoquer leur quotidien, et faire ressortir leurs préoccupations selon les époques. « Je ne leur impose rien, il faut qu'ils s'approprient vraiment le sujet, et ils sont responsables de leur projet jusqu'au bout, explique Bertrand Prévost. Certain·es choisissent de faire des parodies, des documentaires type "C'est pas sorcier", d'autres des reportages à la manière des journaux télévisés, d'autres du stop motion », c'est-à-dire de l'animation en volume avec des objets du quotidien. Le plus difficile ? « Trouver les idées et les organiser. Après, ils ont l'habitude de faire des vidéos, des montages avec leur smartphone. Sinon nous avons aussi des logiciels sur tablette. »

La dernière séance est consacrée au montage des images. Les films doivent être terminés à l'issue des trois heures. Nombre de ces vidéos sont visibles sur la chaîne YouTube d'Ombelliscience.

Au-delà du résultat, ce qui compte avant tout est le cheminement pour y parvenir : l'attention des jeunes, parfois difficile à capter, la rencontre avec les professionnel·les intervenu·es, et surtout la compréhension des enjeux climatiques. Comment sera-t-elle intégrée plus tard dans leur vie d'adulte et dans l'exercice de leur profession, qu'ils et elles soient agriculteur·ices, ébénistes, pâtissier·es, enseignant·es... ? Chacun·e est en tout cas encouragé·e à formuler des propositions d'actions... en espérant qu'elles se concrétisent !

L'association Ombelliscience

Ombelliscience est une agence régionale de culture scientifique, technique et industrielle, créée à Amiens en 1997. Elle est financée principalement par la Région Hauts-de-France et s'inscrit dans une mission de service public. Ses actions s'adressent aux professionnel·les de la transmission et du partage des savoirs avec des publics (médiateurs culturels et médiateurs scientifiques, coordinateurs d’actions culturelles et éducatives, enseignants, animateurs jeunesse…).

Elle n'est pas ouverte au public, et exerce donc toutes ses missions hors les murs.

« C'est tout à fait notre rôle d'organiser ce type de rencontres entre des jeunes et des chercheurs, se félicite Aurélie Fouré. Alors que nous sommes surtout en lien avec un réseau de professionnels, c'est une des actions où nous sommes directement en lien avec le public ! »

Le projet en bref

Objectifs de développement durable

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