Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), les villes moyennes des Hauts-de-France regroupent un·e habitant·e sur cinq, et concentrent un tiers des emplois salariés des commerces de proximité. Cependant, ceux-ci ont tendance à se raréfier dans les centre-villes, avec une baisse du nombre de salarié·es atteignant près de 1,5% par an. Ces villes sont donc des lieux vivants, mais dont les centres ne sont plus les places animées d’autrefois… Et la ville de Guise ne fait pas exception ! Bien que le cœur de ville rassemble un patrimoine architectural intéressant, la rue Camille Desmoulins s’est vue longtemps délaissée par les habitant·es : logements insalubres, commerces fermés, bancs désertés…

Concilier existant et nouveauté

En 2015, dans le cadre de sa politique « centre-bourg », la Ville de Guise décide de faire de la revitalisation de la rue Camille Desmoulins un axe majeur de son programme de redynamisation. Les raisons de ce choix s’expliquent notamment par l’emplacement stratégique du lieu : il s’agit de l’une des rues commerçantes du centre-ville, un axe passant reliant le château au familistère de Guise, deux principaux lieux touristiques de la ville.

La première étape de ce plan pour la commune : acquérir les immeubles vacants du centre-ville dans l’objectif de (re)créer des commerces et des logements. L’enjeu est aussi de faire connaître cette réhabilitation aux habitant·es afin qu’ils puissent se saisir des lieux après les travaux. L’ambitieux projet de réhabilitation est ainsi présenté lors d’une fête de la soupe, organisée dans l’ancienne quincaillerie. Cette dernière est au cœur de la démarche, puisqu’elle est le lieu de construction de la nouvelle halle du marché.

Enfin, un concours a permis de sélectionner le groupement architecte paysager qui a réalisé l’ouvrage.

La halle du marché Marie de Lorraine

C’est finalement BPLUSB architectures et l’Agence Canopée qui sont sélectionnés pour ce projet. La construction doit répondre à plusieurs exigences de la commune :

La création d’un endroit ouvert, qui permet de faire le lien entre le square des Minimes, situé à l’arrière de la quincaillerie, et qui pourrait accueillir des endroits de stationnement à proximité, et la rue Camille Desmoulins ;
La conservation d’une partie de l’ouvrage précédent (charpente en bois, façade…) pour réhabiliter un ouvrage historique et remarquable ;
La création d’un espace multi-usages pour accueillir du public et dynamiser l’axe.

« La nouvelle ruelle créée, claire et bien dessinée, la fluidité dans le schéma de développement, ainsi que l’attention au lien entre l’intérieur et l’extérieur ont plu au jury, explique Clément Mangot, à l’époque en charge du projet. La reprise du porche existant et la réutilisation de cette charpente en bois, assez singulière et imposante, ont su également séduire la maîtrise d’ouvrage. »

Pour ce projet livré en 2022, la ville a bénéficié de trois aides :

Une AMI « Petites Villes de demain », aide portée par l’État pour accompagner les élus locaux de communes de moins de 20 000 habitant·es dans les projets de territoire, notamment pour la réhabilitation et la rénovation de bâtiments et de friches ;
Un appel à projet « Centre-ville Centre-Bourg », subvention des Hauts-de-France à destination des projets de redynamisation de centre-bourg favorisant le maintien et l’installation de commerces ;
Le pacte pour la réussite de la Sambre-Avesnois-Thiérache, également porté par la Région, qui soutient les projets de réhabilitation de bâtiments favorisant l’inclusion sociale et urbaine.

La halle est désormais investie lors des marchés de Noël, de certaines manifestations artistiques ou en tant que salle polyvalente, bien qu’elle ne soit pas autant mobilisée par les habitant·es que l’auraient souhaité les porteurs·ses du projet. La volonté de dynamiser ce lieu reste néanmoins importante !

Concernant la partie paysagère, un travail de désimperméabilisation et de végétalisation a été réalisé, en particulier dans le square des Minimes. La halle en elle-même comporte une grande quantité de briques de réutilisation et est composée majoritairement en bois éco-certifié, en grande partie français, ce qui lui a valu d’être lauréate du Prix régional de la construction bois en 2023, remis par l’association Fibois France.

Cette réhabilitation constitue un exemple-type de sobriété foncière bien pensée : utiliser du bâti existant en mettant en avant sa valeur historique, dynamiser un centre-ville plutôt que de créer une zone périurbaine, réfléchir à la connexion entre les espaces pour encourager les mobilités douces et réduire l’espace dédié à la voiture et enfin créer un lieu d’échange et de rencontre avec des matériaux biosourcés !

Le projet en bref

Objectifs de développement durable

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