Favoriser la biodiversité par la planification : l’exemple du PLUi Maubeuge-Val de Sambre

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  • Mise à jour le March 6, 2025
  • Création le January 30, 2025
  • Maubeuge

Depuis 2014, la Communauté d’agglomération Maubeuge-Val de Sambre (CAMVS) exerce une nouvelle compétence « environnement ». Celle-ci s’incarne pleinement dans son Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) qui intègre de manière transversale les enjeux climat, et notamment l’adaptation au changement climatique. L’un de ses axes est le renforcement et le développement de la nature en ville, à travers notamment l’intégration du coefficient de biotope par surface dans tous les projets d’aménagement du territoire.

Le projet en bref

Objectifs de développement durable

  • 11. Villes et communautés durables
  • 13. Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
  • 15. Vie terrestre

# Sur les mêmes sujets

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En adéquation avec le projet transfrontalier Interreg trame verte et bleue en milieu urbanisé (TVBUONAIR), la Communauté d’agglomération Maubeuge-Val de Sambre (CAMVS)  s’est donnée pour ambition d’identifier, de préserver et de créer de nouvelles continuités écologiques dans son milieu urbain fortement marqué, au nord du territoire, par une identité industrielle liée à son passé métallurgique.  

Afin de renaturer ses centres-villes, la CAMVS a fait le choix d’utiliser un outil réglementaire permettant de lutter contre l’artificialisation des sols : le coefficient de biotope par surface (CBS). Il permet de définir  la proportion des surfaces éco-aménageables par rapport à la surface totale du projet. 

Les abords de la Sambre protégés

Le service environnement de la CAMVS s’est penché sur la question dès 2015. Ses équipes ont ensuite établi ,en 2018, un CBS avec un ratio minimal de 0,2 pour les communes urbaines et jusqu’à 0,5 pour les projets situés en ZNIEFF de type 1 (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique). Ce CBS a été inscrit au PLUi approuvé en 2019 après plusieurs phases de concertation avec le public et les communes (ateliers, réunions publiques, questionnaire en ligne, carte participative). 

« L’idée était de démarrer en douceur pour initier la démarche et accompagner les porteurs de projet sans les effrayer par des restrictions trop lourdes, explique Gaëlle Kania chargée de mission trame verte et bleue dans la communauté d’agglomération. Ça les oblige à se poser la question de la renaturation et les pousse à faire toujours mieux. Nous ciblons dans un premier temps l’intégration du CBS pour les opérations de plus de 10 logements. » 

Le travail réalisé dans le cadre du projet TVBUONAIR a permis d’identifier des îlots urbains à renaturer, répartis dans 19 communes de la CAMVS le long de la vallée de la Sambre. Des niveaux intermédiaires de coefficient de biotope ont été proposés : un coefficient de 0,3 au lieu de 0,2 dans les zones destinées à une urbanisation future (AU1) et situées à moins de 500 mètres de la Sambre.

Projet pilote : une nouvelle zone d’activité éco-aménagée

La plupart des permis de construire pour des opérations de logements privés ou sociaux ayant été délivrés avant 2019, le CBS ne s’y applique pas. Exception faite du projet de zone d’activités de La Marlière, aménagé à l’entrée de Maubeuge par l’agglomération et situé en ZNIEFF. Les entreprises s’y installant doivent alors tenir compte des ratios de surface « écoaménagée » prescrit par le PLUi pour tout nouveau permis de construire. À l’instar de l’entreprise Aïnowa qui, dans le cadre de la construction de quatre immeubles de bureaux, s’engage à respecter le CBS de 0,5 de la façon suivante : zones de stationnement perméables végétalisées, entourées de haies bocagères et plantation entre les bâtiments de 43 arbres d’essences locales.

La renaturation du territoire passe également par un projet de restauration écologique, au niveau du talweg (ligne la plus basse d’une vallée) de la zone de La Marlière. L’installation d’une activité agricole, visant à renforcer le corridor écologique, contribue à recréer une structure bocagère typique de l’Avesnois. Des plantations de haies devraient ainsi faciliter le déplacement des espèces animales, notamment des chauves-souris. Cette opération s’est déclinée en plusieurs grandes actions :

  • Débroussaillage pour restaurer des prairies de fauche et pâturages ;
  • Pose d’un kilomètre de clôture pour permettre la mise en pâturage de races anciennes ;
  • Restauration des milieux humides par du faucardage et du curage partiel (mares et roselières) ;
  • Restauration des infrastructures écologiques bocagères (haies, arbres têtards) par de la plantation d’essences diversifiées, d’origine et de provenance locales ;
  • Reconversion partielle de la peupleraie (abattage, étêtage, mise en chandelles).

« L’enjeu est de troquer les vieilles habitudes contre des nouvelles. Cela vaut pour les porteur·ses de projets comme pour les technicien·nes, souligne Gaëlle Kania. La mise en œuvre n’est pas forcément visible aujourd’hui mais la démarche est enclenchée et la volonté politique et technique fermement établie. Il reste cependant un paradoxe à résoudre, l’enjeu de la densification des centres villes : faut-il remplir les dents creuses en ville ou renaturer ? En attendant la révision en 2028 de notre prochain PLUi, on réfléchit soit à faire évoluer le taux minimum, soit à étendre les zones du territoire concernées par le CBS. »

En quoi cette initiative est bonne pour l’adaptation au changement climatique ?

L’artificialisation des sols renforce la vulnérabilité des territoires aux risques liés au climat : inondations, ruissellement, îlots de chaleur urbains… Sur ce point, la nature est une alliée pour s’adapter au changement climatique en milieu rural (protection des exploitations agricoles contre l’érosion, préservation de la biodiversité...) et en milieu urbain (îlots de fraîcheur, lutte contre la pollution de l’air…). Intégrer le coefficient de biotope par surface dans les PLUi permet de garantir et de coordonner sa prise en compte dans le développement local.