Recycler son quotidien, avec la Voix du Nord et le groupe Rossel !
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Que faire des journaux une fois lus ? Si certaines personnes valorisent leurs vieux journaux de la Voix du Nord dans leurs cheminées ou comme papier cadeau à Noël, d’autres en ont une utilisation plus originale en tant que matériau isolant pour leur lieu de vie ! Depuis 2023, le groupe Rossel, dont fait partie le journal, permet en effet à ses lecteur·ices de recycler leurs quotidiens en les déposant simplement dans leur boîte aux lettres. Explications.
Le projet en bref
Objectifs de développement durable
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Mettre son journal dans sa boîte aux lettres plutôt qu’à la poubelle : le geste est simple mais vertueux ! C'est ce que propose Rossel France aux lecteurs·ices abonné·es à ses médias papier, afin que, une fois lus, leurs journaux soient recyclés en isolant. Une démarche pensée dans tous ses détails.
Selon l’ADEME, 129 000 tonnes de papier étaient produites en 2022 en France par la presse payante. Rien que pour la Voix du Nord, appartenant au groupe Rossel, ce sont 22,5 tonnes de papier qui sortent des imprimeries chaque jour, et tout autant de déchets le lendemain, une fois que le journal est lu !
Une réduction nécessaire du volume de déchets
Réfléchir à diminuer sa quantité de déchets, c’est tout d’abord éviter de produire des déchets, cela relève du bon sens. Du bon sens qui s’est traduit par la disparition de la majorité des emballages en plastique autour des journaux distribués à partir de janvier 2025. Cela permet d’éviter à la fois la consommation de plastique, d’énergie, mais aussi de faire des économies. Une fois le superflu enlevé, que faire de l'essentiel : le journal ? La deuxième étape de réduction des déchets est la réutilisation : utiliser le journal tel quel pour un autre usage, dans un but artistique par exemple. Cependant, on voit vite que cette réutilisation est limitée et pas systématique… c’est là qu’intervient le recyclage.
Après la collecte, sur laquelle on reviendra, les journaux du groupe Rossel France (Voix du Nord, Courrier Picard…), sont acheminés par Cellexo jusqu’à une ligne de production de l’entreprise ISOPROC à Ciney, en Belgique, où ils sont transformés en ouate de cellulose. Le processus industriel se veut le plus écologique possible, sans aucune utilisation d’eau ou de combustion, avec une énergie 100% verte et renouvelable pour un produit final composé à 90% de déchets de journaux. Les sacs dans lesquels sont contenus la ouate peuvent eux-même être renvoyés à l’entreprise qui les produit pour qu’ils soient recyclés. Cellexo met ensuite en relation les abonné·es qui le souhaitent avec des professionnel·les qui posent la ouate de cellulose à prix préférentiel, pour isoler leur lieu d’habitation. Un processus qui demande la contribution de tous·tes : selon le groupe Rossel il faut environ mille journaux pour isoler une maison !
Le groupe Rossel a bénéficié pour l’ensemble de cette démarche d’une aide financière du Soutien financier à des tiers (FSTP), une subvention accordée par la Commission européenne pour soutenir l’innovation technologique et européenne.
Une dynamique écologique et économique
À travers cette initiative, le groupe Rossel suit deux grands axes :
- Entrer dans une démarche vertueuse de diminution de la part de déchets non-valorisés dans leur activité d’écriture et de distribution de presse ;
- Stimuler l’activité des vendeurs colporteurs de presse (VCP) pour promouvoir un emploi local, dans un contexte de diminution de la part de journaux papier distribués.
Le papier journal est un gisement mono-matériau, que l’on sait déjà recycler. Pour la collecte, les VCP récupèrent les journaux destinés à être recyclés en même temps qu’ils les distribuent, ce qui évite la mise en place d’un circuit supplémentaire, potentiellement émetteur de gaz à effets de serre. Les VCP sont rémunérés en fonction du poids de journaux à recycler récupérés, ce qui constitue un soutien supplémentaire à la profession.
En 2023, une première expérimentation est lancée à Calais, qui débouche sur la généralisation de l’opération dès 2024. La première année, environ 15% des journaux distribués ont été recyclés, ce qui représente 4,8 millions d’exemplaires pour près de 600 tonnes de papier (5% de la masse de journaux sortant d’usine) ! L’isolant ainsi produit ne bénéficie pas qu’aux abonné·es : des entreprises partenaires l’utilisent également dans leurs chantiers de la région, comme Inject Isolation Nord, les Compagnons Bâtisseurs ou Bâti bois concept Nord.
Accompagner le changement
Le groupe ne compte pas s’arrêter là : son souhait est de décarboner au maximum les déplacements des colporteur·ses, afin de limiter au maximum les émissions de gaz à effet de serre. Mais si les déplacements courts peuvent se faire à vélo, les livreur·ses qui opèrent en campagne restent contraints d’utiliser la voiture pour leur distribution. Le groupe Rossel envisage donc aujourd’hui de mettre à disposition une flotte de véhicules électriques pour participer à la neutralité carbone de la Voix du Nord.
« On n’est cependant qu’au début du processus : ce sont des investissements qui sont longs, il faut aussi accompagner les VCP… Tout en prenant en compte qu’il faut livrer l’abonné·e avant 7h00, explique Lisa-Marie Dubreuil, chargée de cette initiative de recyclage chez Nordispress, filiale du groupe Rossel chargée de la distribution. On a des livreurs qui ont des revenus qui s’amoindrissent parce qu’ils ont moins d’exemplaires à porter. Il faut donc qu’on soit assez malin pour les faire passer au vert, mais on est conscient qu’on ne pourra pas leur demander d’investir de leur poche. L’enjeu est donc de savoir comment on peut les accompagner dans cette transition : il existe des subventions de l’État, de certaines villes pour des vélos cargos, on essaye également d’acheter puis de prêter des vélos aux VCP.»
Une dynamique RSE plus large
Cette démarche s’inscrit également dans un cadre stratégique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) plus large porté par la Voix du Nord et le groupe Rossel. Celui-ci se décline en trois grands caps :
- « S’adapter pour maintenir le système Terre » : réduction des émissions de CO2, des déchets… ;
- « Accompagner les habitant·es et les organisations » dans une bascule individuelle vers le produire moins mais mieux ;
- « Vitaliser le territoire ».
C’est d’ailleurs dans cette logique que le Cerdd a accompagné la Voix du Nord en 2023 pour sensibiliser la rédaction aux enjeux du changement climatique. Un cycle d’interventions a bénéficié à plus de 60 journalistes de quatre rédactions différentes (Arras, Lille, Valenciennes et Calais). Il s’agissait de leur présenter les principaux risques liés au changement climatique en région, d’identifier ensemble certains leviers de transition, et enfin d’animer des ateliers de réflexions sur la prise en compte des enjeux climatiques et environnementaux dans le métier de journaliste.
Une réflexion large et systémique qui montre que, face aux enjeux climatiques, des solutions insoupçonnées se cachent… jusque dans nos boîtes aux lettres !
