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Mis à jour le 12 octobre 2021

L’alimentation durable est au cœur des activités du Cerdd. Revivez la création de ce programme, véritable cheminement enthousiasmant, fait de travail collectif, de relations avec une multitude de structures et de personnes, d’une recherche perpétuelle de solutions...

Au commencement : Trame verte et bleue et dialogue territorial

Tout a commencé par la volonté de faire en sorte que la préoccupation du vivant soit considérée partout et par tous. Les milieux naturels et ses espèces étant dans l’incapacité d’exprimer leur urgence. Étonnement, l’appétence du Cerdd pour le dialogue territorial est née à cette même époque. En 2006, nous avions tous les ingrédients pour réaliser une trame verte et bleue : les financements, l'ingénierie, les structures opérationnelles… Et pourtant !

Au-delà d'être un sujet mécompris, la biodiversité et les infrastructures naturelles impliquent, pour exister, une modification en profondeur des pratiques professionnelles et de loisirs, et une gestion écologique des espaces. Pour construire ce programme, plusieurs sujets ont été abordés  : la gestion différenciée, la biodiversité en entreprise, la participation, les inégalités écologiques...

Une rencontre avec Amélie Vieux et Philippe Barret, experts en dialogue territorial, a convaincu le Cerdd, séduit par leur attachement à « créer des relations de confiance », que ce processus était une solution. « Il n’ y a pas de recherche d’accord, mais une compréhension mutuelle, c'est très différent, souligne Philippe Barret, de l’association Geyser. On n’a pas à être d’accord sur le besoin de l’autre, simplement à le comprendre. ».

Puis des questions sont soulevées. Comment faire le lien entre les projets de trame verte et bleue et les pratiques agricoles  ? Comment faire en sorte que les territoires créent les conditions pour des projets viables pour les agriculteurs ? Leur besoin ? L'assurance de l'écoulement à un juste prix de leur production et surtout ne pas s’entendre « décréter » à leur place leur projet d'avenir.

>>> Relire la publication du Cerdd Le dialogue territorial dans les démarches de Trame verte et bleue

Écouter et comprendre : les points de départ du programme environnement

En 2008, la première AMAP de la région Nord-Pas de Calais naissait à Hantay, sous l'impulsion d'un jeune agriculteur et de la maire de la commune. Pourquoi ne pas développer des circuits courts pour relocaliser notre alimentation, aider les agriculteurs à récupérer leur marge et débuter ainsi des coopérations avec les collectivités locales ? La vente directe existe et est même une tradition en région ! Cependant, elle reste marginale et sans soutien d'une dynamique collective territoriale.

Les territoires peuvent « créer les conditions » de beaux projets de circuits courts alimentaires aux multiples impacts écologiques, sociaux et locaux. D'ailleurs, c'est déjà une réalité : l'un des territoires pionniers sur les projets alimentaires, la Communauté d'Agglomération du Douaisis, débutait en 2010 son projet de circuits courts dans le cadre de sa trame verte et bleue, avec pour lame de fond méthodologique le dialogue territorial en concertation avec la diversité des acteurs agricoles.

Les circuits alimentaires durables

Qu'est ce que veut dire durable dans ce type de projet ? Un petit-déjeuner débat organisé par le Cerdd en 2008, s'attellera à le définir et surtout à identifier le rôle d'une collectivité locale. 60 personnes présentes, représentantes des domaines de l'agriculture et des territoires : un vrai débat !

Notamment sur le bio et non bio : un débat fort et qui peut être paralysant. Le Cerdd a pour finalité de créer des projets qui répondent aux principes du développement durable ! C'est notre ADN, nous ne pouvons pas mettre le sujet de côté, sous prétexte qu'il créait des tensions. Pour avancer collectivement, nous nous sommes entendus pour dire que les circuits courts alimentaires durables sont socialement équitable, économie viable, écologiquement vivable, donc le bio en fait partie.

Cependant, nous nous accordons pour inscrire l'idée que les territoires démarreront leur projet par ce qu'ils peuvent le mieux avancer, d'où la réalisation du guide « Explorez le développement territorial durable avec les circuits courts alimentaires » en 2010. Composé d'un radar à quatre axes et 36 critères, ce guide aide les territoires à identifier leur marge de progrès sur l'approche sociale, écologique, économique et l'ancrage territorial.

>>> Lire le guide "Explorez le développement territorial durable avec les circuits courts alimentaires"

L'aventure continue : des partenariats riches d'enseignements

Après des partenariats avec le Gabnor, Terre de Liens, A Pro Bio ou encore le Groupement qualité sur des sujets aussi divers que le gaspillage alimentaire, la restauration collective, l'approche social, les Sociétés Coopératives d'Intérêt Collectif (SCIC), et même la gestion de l'eau à Munich qui a été inspirante, les terres nourricières dans la planification territoriale… le réseau rural Français, porté par la DRAAF et la région Nord-Pas de Calais, poursuit la dynamique, donnant une occasion au Cerdd de travailler sur les collectifs agricoles dans les projets de circuits courts alimentaires avec la FRCUMA et sur les potentiels des territoires avec l'université de Lille I.

Une opportunité de découvrir, avec la FRCUMA, les enseignements de leurs expériences de l'animation de collectifs. Des échanges riches sur nos expériences respectives, du dialogue à la dynamique collective : nous partagions nos ingrédients pour favoriser la coopération entre personnes. Une occasion également d'explorer, avec l'Université de Lille I, les ressorts des territoires pour accélérer les projets de circuits courts, projets encore nouveaux pour un territoire.

>>> À lire : Des ingrédients pour la réussite de collectifs

Alimentation durable

En 2013, l'élu et le service qui gèrent la gouvernance alimentaire de la région Nord-Pas de Calais interpellent le Cerdd. Il est temps d'écrire les contours de l'alimentation durable avec l'ensemble des professionnels du système alimentaire.

La finalité n'est pas uniquement la rédaction d'un guide, mais avant tout la définition collective de ce qu’est l’alimentation durable, avec les professionnels qui composent ce système économique :  les entreprises de agroalimentaires, les territoires, les associations de consommateurs, les associations d'éducation alimentaires, le monde agricole…. Ces professionnels ont rarement l'occasion de se croiser, voire jamais.

>>> Lire le guide "Repères pour une alimentation durable"

Après cinq rencontres, d'échanges sur les contraintes et paradoxes du système alimentaire, les points d'achoppement, les ambitions collectives, la représentation commune de l'organisation de la filière alimentaire… le guide « Repères pour une alimentation durable » voit le jour après une relecture assidue et une validation des 40 participants. Des vœux communs sont formulés dans ce document. L'aventure ne s'arrêtera pas là. À la dernière rencontre, le travail finit, le groupe exprime son souhait de poursuivre ces échanges : C'est la naissance du réseau ReADy !

Réseau Ready
Réseau Ready © Cerdd

Comment construire un Système alimentaire durable en région ?

La conclusion collectivement admise du guide « Repères pour une alimentation durable » est le décloisonnement des opérateurs de la filière pour créer des opportunités d'innovation pour une alimentation durable.

Le Cerdd est missionné pour rendre opérationnel la transition du système alimentaire régional vers plus de durabilité. Trois axes sont explorés :

Le Réseau ReADY est le cœur du programme alimentation durable du Cerdd

  • En tant que Réseau inter-professionnel, il représente l'écosystème d'acteurs à animer pour favoriser le décloisonnement. Ce décloisonnement facilite l'inter-connaissance et les relations entre les différentes compétences essentielles pour construire des projets d'alimentation durable.

  • Les rencontres de cette diversité professionnelle nous aident à éclairer les réalités vécues, les préoccupations, les blocages, les besoins, les attentes et les motivations. Ces propos collectivement exprimés sont les points de départ de l'orientation de nos travaux.

  • Les initiatives et innovations relatées par chacun d'eux sont la source d'inspiration pour décrypter les méthodes et les transférer.

Plusieurs visites-rencontres sont organisées : Le MIN de Lomme, les écopôles alimentaires d'Audruicq et de Loos-en-Gohelle, l'initiative « Bon et bien » de Leclerc Templeuve, la friche gourmande de Fives Cail, Euralimentaire et prochainement l'incubateur Le Baluchon… Autant de projets innovants que nous avons la chance de voir naître dans notre région.

Les Projets Alimentaires Territoriaux

L'arrivée des PAT, prévus dans la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, légitime les territoires à intervenir sur le champs de l'alimentation. Le Cerdd, en partenariat avec Échanges pour une Terre Solidaire, un association compétente dans ce domaine dans le versant picard, propose deux sessions d'accompagnement de territoires, 20 au total. Plusieurs thèmes sont abordés en fonction des besoins exprimés : quel diagnostic ? Comment créer un esprit de coopération ? Quel est le rôle d'un territoire sur la précarité alimentaire, la santé ?... autant de nouveaux sujets à explorer.

Accompagnement PAT 16/09/21
Journée d'accompagnement collectif des PAT - 16 septembre 2021 à Loos-en-Gohelle. © LB/Cerdd

Notre système alimentaire est responsable d'un tiers des gaz à effet de serre

Dernièrement, le changement climatique dans les systèmes alimentaires a été abordé dans le cadre d'un Labo. Une étude inédite sur la résilience du système alimentaire des Hauts-de-France, commanditée par l'ADEME et réalisée par Bio en Hauts-de-France et le bureau d’analyse Le Basic, embrasse pour la première fois l'ensemble des enjeux de la filière avec des données factuels.

Christophe Alliot, cofondateur du bureau d’études Le Basic, devant la présentation de l'étude.
© LB/Cerdd

Elle présente l’avantage d’explorer le fonctionnement et les vulnérabilités du système alimentaire à partir de chiffres et dans une approche aussi bien écologique qu’économique ou sociale : les impacts sur la santé globale (humaine et naturelle), les risques d’érosion économique des filières (précarité des emplois par exemple) ou encore la vulnérabilité de la filière par rapport à la chaîne d’approvisionnement (pétrole, phosphate)… rien n’est mis de côté. Une base commune pour agir avec les territoires, puis les membres de ReADy.

>>> À lire aussi : Une étude pour mieux appréhender le système alimentaire des Hauts-de-France

Une aventure humaine enthousiasmante !

Depuis le début, Marie Décima, chargée de mission, porte ce programme du Cerdd. « J'ai une grande satisfaction à travailler sur l'agriculture et l'alimentation, souligne-t-elle. Les convictions sont fortes et aident à avancer même si elles sont parfois distinctes. L'agriculteur est pragmatique, c'est le métier qui est le plus soumis aux incertitudes. Il compose chaque jour avec la météo. Les agriculteurs vivent en temps réel le changement climatique. Ils ont une grande capacité d'adaptation et d'innovation, à la seule condition que leur travail soit respecté et réellement rémunéré. Les échanges avec l'ensemble des opérateurs de cette filière alimentaire de la production à la commercialisation ont toujours été enthousiasmants et riches d'enseignements. Même si changer n'est pas chose facile dans ce contexte, j'ai toujours rencontré une curiosité collective à identifier les pistes de solutions. »

Tout ce cheminement n’était pas vain ! De nombreux acteurs sont désormais mobilisés et la production de ressources essentielles permet de poursuivre le travail engagé. Le confinement n’a fait que renforcer les convictions, et a créé encore plus d’émulation autour de ce sujet.

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